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1. Sidna Aomar (FDB n° 91, 1966, pp. 27-31).
2. L'homme et le pélerinage (ibid., p. 35).
3. La femme qui donne l'aumône (ibid., p. 39).
4. Le malade généreux (ibid., p. 53).
5. Deux légendes (FDB n° 93, 1967, Sut TaŸu‚).
6. Tisseuse ne désespère pas (Ibidem).
7. Si Dieu veut... (Ibidem).
8. Ne pas tisser toute la nuit (Ibidem).
9. Le négligent (Ibidem).
10. La femme qui prend soin de sa santé (Ibidem).
11. La sotte (Ibidem).
12. La paresseuse (Ibidem).
13. Comment emprunter des ensouples (Ibidem).
14. Moulin domestique (Superstitions, FDB n° 98, 1968, p. 57).

 

 


1. Sidna Aomar

Zik, asmi llan ññuíaba, deg-sen yella yiwen, isem-is Sidna ³uma¨. Ye""alla, isell i Sidi Ûebbi, ihedde¨-az-d de‡‡ akken t-iíemmel.
Assen yebàa Uxellaq ad iåe¨ ma degg ul i t-iímel Sidna ³uma¨. Yenna-yas:
- A ³uma¨, ass agi ad ilià d inebgi àu¨-k, ad iyi-theggiŸ ayen tes²iŸ.
Sidna ³uma¨ yef¨eí, yenna-yas:
- Yirbeí, a Sidi Ûebbi, aql-iyi di lfe¨í ame‹¨an imi tebàiŸ at tiliŸ d inebgi-w.
Sbedden le²wam. Ssyen i¨uí Sidna ³uma¨ s axxam-is, yeddem-d kra yes²a, inawel-as-t i Sidi Ûebbi ara d-i¨uíen àu¨-s.
ª‚²am yewÞed zik. Ye„¨aÞu uñeíbi melmi ara d-i¨uí inebgi-s. Ye‹‹el, isawel-d yiwen lxelq:
- ª‚²am ¨ Ûebbi, a lmumnin! Rran-as-d :
- Yeqsed, nadi anda niŸen.
I¨uí ssayel-nni. Cwi‚ akka, yuàal-d inebbeh :
- ª‚²am ¨ Ûebbi, a lmumnin! Ineteq-d Sidna ³uma¨ :
- Yeqsed, at trebíeŸ, a k-id-iàit Ûebbi.
I¨uí. Yeqqim-n cwi‚, yuàal-d, isawel :
- ª‚²am ¨ Ûebbi, a lmumnin! Sidna ³uma¨ yez²ef cwi‚ :
- A yyaw, a lmumnin! Ass agi imi la „¨aÞuà Sidi Ûebbi d inebgi, ²umen-d ssaylin. Aíeqq l le²tab-iw, ma yeffeà i yiwen!
I¨uí igellil-nni. Ye„¨aÞu Sidna ²uma¨ inebgi-s, ur d-yusi ara. Yuyes, tesxes¨-as nneyya. Ye""eŸ-d lawan n tååallit, i¨uí am l²adda. Armi ifukk taåallit, yenna-yas:
-A nnaà, a Sidi Ûebbi, acu xedmeà ²ni mi yi-txed²aŸ. Heggaà ayen a‰ s²ià i ke©© ur n-tusiŸ ara! Yerra-yas Sidi Ûebbi:
A ³uma¨, telt me¨¨at i n-usià àu¨-k, te¨¨iŸ-iyi-d àef tebburt.
- Amek, a Sidi Ûebbi? Nekk iíaren melmi ara n tañeŸ, rrià-k-id telt me¨¨at ?
- Ih, a ³uma¨, mi n-isawel akken lxelq: ‚‚²am ¨ Ûebbi a lmumnin, d nekk i n-i¨uíen di lmelek-nni. Acimi i k-n-yenna: ‚‚²am ¨ Ûebbi. ³laxa‚e¨ àe¨ ‚‚²am iyi-teheggaŸ i àe¨-n-i¨uí. Ttamusni i k-„-yekksen, ²ni tàilleŸ d nekk s yiman-iw ara n-yasen neà ara t-ye©©en?
- Semmeí-iyi, a Sidi Ûebbi: ttide„„, àel‚eà.
Tura yeqqim-d ttanumi, ssawalen ssaylin: ‚‚²am ¨ Ûebbi a lmumnin! Meísub tt²am yebàa a t-yefk bnadem àeff udem n Sidi Ûebbi, d ssadaqa. Ihi, mi g sawel igellil àef tebburt ""albe²Ÿ, si lÞiha n Sidi Ûebbi i g sawel. Win i s-d-iseddqen i win t-id-icegg²en i mi g seddeq.


Au temps ancien des Compagnons du Prophète, il y avait un certain Aomar qui s'adonnait à la prière, entendait Dieu lui parler et s'entretenait avec Lui, tellement il en était aimé.
Un jour, Dieu voulut se rendre compte de la réalité de l'amour de Sidna Aomar à son égard :
- Aomar, lui dit-il, aujourd'hui je serai ton invité, prépare ce que tu as.
- Avec plaisir, Seigneur, répondit Aomar rempli d'aise, je nage de joie à la pensée que vous vouliez venir chez moi.
L'heure fut fixée. Puis, Aomar rentra chez lui, fit prendre tout ce qu'il avait et tout cuisiner pour Dieu qui devait venir chez lui.
Le repas se trouva prêt de bonne heure. Le Compagnon attendait son hôte. Quelqu'un cria:
- La nourriture de Dieu, Croyants! On lui répondit:
- C'est destiné à quelqu'un, cherche ailleurs.
Le mendiant s'en alla. Peu après, il revint crier:
- Quelque chose à manger, pour Dieu, Croyants!
- Nous attendons quelqu'un, dit Aomar ; tâche de réussir à trouver quelque chose et que Dieu t'assiste!
Après un peu de temps, il revint encore, disant:
- La part à Dieu, bonnes gens!
Sidna Aomar s'impatienta:
- Eh bien, mes amis, dit-il, pour une fois que j'attends Dieu à manger, les mendiants sont tous là. Par la peine que j'ai prise, je ne donne rien à personne!
Le mendiant s'éloigna. Sidna Aomar attendait toujours son invité qui ne venait pas. Découragé, il perdait sa belle humeur. Vint l'heure de la prière, il s'y rendit comme à l'accoutumée.
Sa prière finie, il dit à Dieu :
- Enfin, Seigneur, qu'ai-je donc fait pour être ainsi déçu? J'ai fait préparer tout ce que j'avais et vous n'êtes pas venu!
- Aomar, répondit Dieu, c'est par trois fois que je suis venu chez toi et tu m'as écarté de ta porte.
- Comment, Seigneur ? Moi qui m'impatientais à vous attendre, je vous ai renvoyé trois fois ?
- Oui, Aomar, lorsque quelqu'un a crié: " à manger, pour l'amour de Dieu, Croyants!" c'était moi sous la forme d'un ange. Pourquoi te disait-il : " La nourriture de Dieu"? C'est qu'il venait chercher cette nourriture que tu as m'avais fait préparer. Tu as manqué de sagesse. Pensais-tu que j'allais venir en personne, ou que j'allais manger moi-même ?
- Pardonnez-moi, Seigneur, c'est vrai. Je me suis trompé.
Depuis ce temps-là, la coutume est restée, pour les mendiants, de crier : " Quelque nourriture de Dieu, Croyants !" Cela signifie que la nourriture qu'ils demandent pour l'amour de dieu, c'est l'aumône. Quand un mendiant crie à la porte, c'est la part de Dieu qu'il réclame son dû et celui qui fait l'aumône donne à Celui qui l'a envoyé.


2. L'homme et le pélerinage

ëekkun yella yiwen, si zik yebàa ad i¨uí ad iíuÞ. Weqbel líiÞÞ-is terba-d yiwet tme‚‚ut tameàbunt. I¨uí wergaz-nni, yekcem àu¨-s, yufa axxam ula dacu ara te©©. Yuà-as ayen ilaqen, axe¨fi ttmellalin.
Yi""ass, i¨uí àe¨ líiÞÞ. Asmi ye""eŸ àer dina, ccrif m Mekka yenna-yas :
- Ke©©ini, acimi i d-¨uíeŸ? å¨ià-k tíuÞÞeŸ.
Yewhem wergaz-nni mi i s-d-yenna: tusiŸ yagi a líiÞÞ. Yenna-yas :
- Ur d-usià ara di l²eme¨-iw, d abrid amezwaru i d-¨uíeà. Yenna-yas ccrif m Mekka :
- D ññeíí tíuÞÞeŸ me¨tayen, abrid amezwaru tàateŸ nnafsa.


On raconte qu'un homme désirait depuis longtemps aller au pèlerinage de La Mecque. Avant son départ, une femme très pauvre accoucha. Allant chez elle, l'homme trouva une maison sans provisions de bouche. Il lui acheta ce qu'il fallait, un mouton, des œufs.
Enfin, il partit pour le pèlerinage. Quand il arriva là-bas, le Chérif de La Mecque lui dit :
- Pourquoi es-tu venu? Je t'ai vu faire le pèlerinage.
L'homme s'étonna de s'entendre dire qu'il avait déjà accompli le pèlerinage, il répondit :
- Je ne suis jamais venu ici de ma vie, c'est le première fois. Le Chérif de La Mecque lui dit :
- Il est vrai que tu auras fait deux fois le pèlerinage : la première fois, c'était quand tu as eu pitié de l'accouchée.


3. La femme qui donne l'aumône

F yiwen wergaz yes²a arraw-is, yes²a tam‚‚ut-is. Yi""ass, yebded àe¨-s lmelek yenna-yas:
- Atan azekka tame‚‚ut-ik, ²ass-i„, at tejme² a‰ ice‚‚iŸen a ten-id-ssired, lame²na , mi ara d-aweŸ at tali at tefser ice‚‚iŸen, ace‚‚id aneggaru at t¨uí at tekemmel s wefser, ad d-àli, at temmet. Lame²na ur s d-qqa¨ ara i temmu‚‚ut-ik.
Sakin, argaz-nni ur s yenni ara. Ur yebài ara ad ye¨å awal ""inna. Yeqqim akka, ½aŸen-t warraw-is. Azekka-nni ññbeí, tessard-d, ur d-usi ara zik. Akken d-usa di tarda, thegga-yas temàa¨t-is imekli, tta¨eb²e„„ ""eà¨um, taqbuct ggiài a‰ d iniàman. Akken tseres ice‚‚iŸen, mazel i ten-tefsir, yessawel lmelk-nni, yenna-yas :
- ª‚²am ¨ Ûebbi a lmumnin! Terfed ace‚‚iŸ a t-tefser, tsers-it, tenna-yas :
- Yirbeí.
T¨uí tefka-yas imekli-nni ara te©©. T¨uí tefser ice‚‚eŸen, argaz iqure²-i„ melmi ara d-àli. Tfukk ice‚‚iŸen s wefser, ur tes²i d acu „-yuàen. Azekka-nni, yuàal lmelk-nni armi d argaz-is, yenna-yas :
- Nià tenniŸ-iyi, tame‚‚ut-ik at tmmet? Yenna-yas lmelk :
- Ur teå¨eŸ ara dacu texdem? Ssadaqa, a‚as i te„„ara l lmuñayeb. Imekli-nni i d-kkes i t²ebbu‚-is, tefka-t i wmeàbun, a‚as i s-yerna di l²eme¨-is, d win i „-icuf²en.

Au sujet d'un homme qui avait des enfants, une femme. Un jour, un ange se présenta à lui et lui dit :
- Prends garde : demain, ta femme va ramasser tout le linge pour le laver mais quand elle voudra l'étendre, au moment de mettre à sécher la dernière pièce, elle tombera et se tuera, mais ne lui dit rien.
L'homme ne dit rien à sa femme. Il ne voulait pas avoir l'air de douter des paroles de l'ange. Il ne dit rien mais le sort de ses enfants lui faisait de la peine. Le lendemain matin, elle alla faire sa lessive et ne rentra pas de bonne heure. Quand elle rentra, sa belle mère lui avait préparé son repas, un morceau de galette, un pot de petit lait, des figues. A peine eut-elle déposé le linge, avant qu'elle se mette à l'étendre, l'ange cria :
- Nourriture de Dieu, Croyants !
Elle avait pris une pièce de linge pour l'étendre, elle la laissa et dit :
- J'arrive!
Elle donna le repas préparé pour elle et alla mettre son linge à sécher. Son mari l'observait, attendant le moment où elle allait tomber. Elle finit d'étendre son linge sans que rien ne lui soit arrivé. Le lendemain, l'ange revint trouver le mari. Celui-ci dit :
- Ne m'aviez-vous pas dit que ma femme mourrait ?
- N'as tu pas vu, dit l'ange, ce qu'elle a fait ? L'aumône écarte bien des malheurs. Le repas dont elle s'est privée pour le donner à un pauvre a ajouté de nombreux jours à sa vie : c'est ce qui l'a sauvée.

 

4. Le malade généreux

Yi""ass, yella yiwen umuŸin, yen‚e¨¨ f tsumta. Sswayen-as aman n tlezdit. Tbedd-d m líeq. ""in-az-d am¨abeŸ a s-yesseíseb. Nnan-as :
- Acu tebàiŸ ?
Imenna tià¨ifin. T²edda tme‚‚ut la tent-tesse""ay. Zwaren de‡ muŸin-nni. Fkan-as taà¨ift teíma. Isawel-d ssayel, yenna-yas: TT²am ¨ Ûebbi, a lmumnin! Mi d-ssawel tsawel-d tme‚‚ut. AmuŸin-nni yenna-yas :
- Fekvt-as taà¨ift agi àu¨-i. Nnan-as :
- E©© tina, a s-nefek tayeŸ. AmuŸin-nni, yenna-yas :
- a s-fkeà tagi yellan de‡ fus-iw.
Akken d ffàen àe¨ tmu‚‚ut-nni, te‚‚ef teà¨ift, teger-i„ s imi-s, imiren tuàal ttalafsa. Tsuà-d tina d yeffàen àe¨-s, tenna-yasen :
- A„„a talafsa! Nnan-as i wem¨abeŸ d-yekkren àe¨-s :
- Acu-t wagi ?
Yuàal ijebed-d lektub yeseíseb-as i wmuŸin, yenna-yas:
- Wagi d m líaqq i t-id ye""Ÿen, akken d-ufa ssadaqa, tger-i„ s imi-s, t¨uí, dayen i s-yernan kra degg ussan-is.


Il y avait une fois un malade qui se trouvait au plus mal sur sa couche. On lui humectait la bouche avec du coton imbibé d'eau. La mort était là. On fit venir un marabout pour donner ses soins au malade.
- Que voudrais-tu prendre ? Demanda-t-on au malade. Il voulait des crêpes, une femme se mit à en faire. On le servit le premier. On lui donna une crêpe toute chaude. Un mendiant fit entendre son appel : Nourriture de Dieu, Croyants ! En appelant ainsi, il avait les apparences d'une femme. Le malade dit :
- Donnez lui la crêpe que j'ai là.
- Mange-la, lui dit-on, nous lui donnerons une autre.
- Je veux lui donner la mienne, dit le malade.
Quand on fut allé porter la crêpe à cette femme, elle la prit et la porta à sa bouche. La crêpe se transforma en serpent. La femme qui était sortie cria:
- Oh! Un serpent! On demanda au marabout présent au chevet du malade:
- Qu'est-ce que cela signifie ?
Il prit le livre qui lui avait servi pour assister le malade et dit :
- C'est la mort qui s'est présentée, trouvant une aumône, elle l'a portée à sa bouche et est partie. C'est pourquoi la vie du malade sera prolongée d'un certain temps.


5. Deux légendes

Zik-nni, yella inisi d argaz. Yi""ass, yuker aqe¨dac. Yenna-yas bab uqe¨dac :
-Fek-iyi-d aqe¨dac-iw,d ke©© i t-yukren. Yenna-yaz-d wayeŸ :
-Ur t å¨ià ara! Yenna-yas:
-Ggall-iyi ma©©i d ke©© i t-yukren.
Yeggull-as. Imiren imesxi-it Ûebbi : yuàal d inisi.

Di zzman amezwaru, aruy yella d argaz. Ye""i-yas imceŸ d lamana i yiwen. Asmi d yusa bab ggmceŸ-nni a t-yessuter deg-s, ineker-it waruy. Yenna-yas bab ggemceŸ-nni :
-Ggell-iyi.
Yeggull-as. Imesx-it Ûebbi d aruy, ffàent-d txelel ggemceŸ de‡‡ glim-is.

Jadis, le hérisson était un homme. Un jour, il déroba une carde. Celui à qui elle appartenait lui dit :
-Rends-moi ma carde: c'est toi qui l'as vola.
L'autre répondit :
-Je ne l'ai pas vu.
-Jure-moi, dit le premier, que ce n'est pas toi qui l'as dérobée.
Il jura. A l'instant, Dieu le métamorphosa : il de vint hérisson.

Dans l'ancien temps, le porc-épic était un homme. Il prit en dépôt un peigne à carder. Le jour où le propriétaire de ce peigne vint le lui réclamer, le porc-épic affecta de ne rien savoir. Le propriétaire du peigne lui dit :
-Jure-le !
Il jura. Dieu le changea en porc-épic: sur sa peau, les dents du peigne pointèrent.


6. Aåe‚‚a yegren yekkes : a lall-as ur „„ayes.

Yiwet tger aåe‚‚a. Mi i t-tger, i²um fell-as làaci: llant tiden i „-iíumen deg-s. Armi t-²ellqent, kul ta t¨uí s axxam-is, Þþant-„ weíd-s. Ne„„atte©©a-t s wallen, tenna-yas: a yemma! Dacu ara ye©©a¨en wahin! Tetweííec yes-s. Tekka tabburt, terwel àe¨ weltma-s, tenna-yas:
-Nnaà, a weltma, ansi ara s bduà? Acu ara yi-d ye©©a¨en? Tenna-yas:
-A weltma, sers l²eqel-im de‡‡ xxam. Yya tura ad am-mleà amek ara txedmeŸ.
Dàa weltma-s tekcem s aåe‚‚a, tebda a s-t-id sselnet. Tle‹eŸ-as lxiŸ ¨ gma-s... akka ad iseggem uåe‚‚a.
Dàa tessaà-az-d, teåŸa-yas tajbbat, tenna-yas :
-Tura, a weltma, sers ddehen-im àe¨-s, teb²-it akka.
Akka ula d ddunit f bab-is: am uåe‚‚a, i t-yernan, d la²qel.

Un femme avait monté son métier. Alors qu'elle le faisait, sa maison était remplie de monde, c'était des femmes venues lui prêter une aide bénévole. Une fois l'ouvrage dressé, chacune s'en retourna chez soi, laissant cette femme toute seule. Elle, ne pouvait quitter le métier des yeux: elle disait: o ma mère, qui va donc garnir tout ça? Elle était effrayée par son métier: elle prit la porte et s'enfuit chez sa sœur et lui dit:
-Par pitié, sœur, par où commencer ? Qui pourra jamais garnir cette chaîne? Sa sœur lui répondit:
-Sœur, retourne chez toi et reprends tes esprits: allons, je vais te montrer comment t'y prendre.
Alors, sa sœur s'approcha du métier, elle commença à appareiller les fils de chaîne, les prit un par un en disant:
-A chaque fil, son frère… A chaque fil son frère: ainsi l'ouvrage sera bien fait.
Ensuite, elle engagea les premières duites, posa le tendeur et dit :
-Et maintenant, ma sœur, applique-toi à l'ouvrage et continue.
La vie, pour un chacun, se présente de la même manière, comme l'ouvrage de la tisseuse, celui qui veut en venir à bout doit être patient.


7. Si Dieu veut…

Mi nekker an nexdem ccŠel, ilaq a s-nini : ma yebàa Ûebbi.
Tella yiwet tme‚‚ut, argaz-is ye""i tiwizi. Ne„„at tes²a aåe‚‚a q¨ib ad yekkes. Teqqa¨-as: ad kkseà ass agi aåe‚‚a, ur „nawaleà ara imensi íaca ma kkseà-t. Aåe‚‚a yekcem di ccerk ¨ Ûebbi. Ne„„at tåe‚‚, lmalaykket jebbdent-as iàil d asawen. Armi yeàli yi‚ij, ur tekkis aåe‚‚a, ur tnawel imensi. TeÞÞa tiwizi m bài¨ imensi.

On ne saurait pénétrer dans le domaine réservé à Dieu : quand on commence un travail, il faut dire : s'il plaît à Dieu…
Il y avait une femme dont le mari avait engagé une équipe de travailleurs. Elle était sur le point d'achever un ouvrage de tissage. Elle se dit : Aujourd'hui, je détacherai mon ouvrage : je ne ferai pas le souper avant d'avoir achevé.
L'enlèvement d'un tissage est l'affaire de Dieu et des Anges. Elle tissait donc, mais les Anges lui ajoutaient une coudée. Au coucher du soleil, elle n'avait pas détaché son ouvrage et n'avait pas cuisiné le repas : elle laissa les hommes de l'équipe sans repas du soir.

8. Ne pas tisser toute la nuit.

Tella yiwet tger aåe‚‚a. Tåe‚‚ degg iŸ armi i²edda yiŸ di nnñaf. Ata tekka-yaz-d tteryel deg mi n tebburt, tufa-„-id la tåe‚‚. Dàa tekcem, te‚‚ef alaku, la tåe‚‚. Tame‚‚ut-nni, ikecm-i„ lweíc. La åe‚‚ent, la åe‚‚ent: tin ur tlu²a tayeŸ.
'e‚‚ent, åe‚‚ent, armi ifukk wedraf. Ihi tteryel-nni teddem-d adles, la tåe‚‚ d winna. Dàa lall ""exxam tekker-d àe¨ lkanun, teddem-d tagdurt n zzit, tedhen aqerruy-is; teddem-d asafu di lkanun, tkemmezs bu lqa² usafu. Dàa tteryel-nni tekker-d f uåe‚‚a, akken at tedhen ula d ne„„at aqe¨¨u. Lame²na lall ""exxam thegga-yaz-d lgaz z dat-s. Teddem-d tteryel ula d ne„„at asafu, tkemmez s yexf-nni ye¨àan, tekker tca²lalu„ de‡ qe¨¨uy-is. Tekka tabburt, tteddu te„„uàu, tessawal i weltma-s, teqqa¨-as:
-A lalla, ¨àià! A lalla ¨àià !
-Targa uma¨ià! Tenna-yas weltma-s :
-Tala n tanzarin! Tala n tanzarin !
Dàa tessens-d aqe¨¨u-s, tuàal-d àe¨ tin u àu¨ teåŸa aåe‚‚a. Tame‚‚ut-nni teí¨ec, ur „-yeffià ara le²qel. Terra-d i‹jemya¨ ¨ tebburt. Tessawal-as tteryel:
Akem-yexde² Ûebbi, texde²Ÿ-iyi !
A tin umi åŸià iseàwan,
Rnià ula d iàedwan.
Fk-iyi ameññaŸ ²etman,
ÞÞià-t-in f ude‰‰an.
Tinna teddem-d amññaŸ-nni, tŸegga¨-as-t si ‚‚aq, tenna-yas :
-Ax lÞifa, a lÞifa!
Dàa, ‡‡ assen t²uhed Ûebbi ur tuàal at teåŸ degg iŸ. F ayagi i „„a‡adent tulawin aåe‚‚a ggiŸ.

Il y avait une femme qui avait monté un ouvrage. Elle tissait la nuit, jusqu'à minuit et plus. Une fois, une ogresse se présenta à sa porte et la trouva à l'ouvrage. alors, elle entra et prit la place de la deuxième tisseuse et la voilà qui tisse. Notre tisseuse mourait de peur. Elles tissaient, tissaient, sans que l'une parlât à l'autre.
Elles tissèrent, , elles tissèrent et la laine vint à manquer. Alors, l'ogresse prend de l'alfa et s'en sert pour tisser. Maîtresse de maison se lève et se dirige vers le foyer. Elle prend un pot d'huile, s'en frotte la tête. Elle prend un tison dans le foyer et s'en gratte avec le bout non brûlant. Alors l'ogresse quitte son métier pour se passer de l'huile sur la tête; la maîtresse de maison avait préparé devant elle du pétrole : l'ogresse saisit elle aussi le tison et se gratta avec le bout incandescent : un véritable incendie se déclare dans sa chevelure; elle prend la porte et s'enfuit en hurlant. Elle appelle sa sœur :
-Je brûle ! Je brûle !
-Va à la rigole d'amertume !
Sa sœur lui dit :
-Va à la fontaine des falaises ! A la fontaine des falaises !
Elle éteignit le feu de sa tête, puis revint chez la femme auprès de qui elle avait tissé. Mais celle-ci avait fait preuve de sagacité et de présence d'esprit. Elle avait barricadé sa porte.
L'ogresse l'interpella :
-Que Dieu te rende la perfidie que tu m'as faite!
Toi pour qui j'ai tissé des brins d'alfa:
J'ai même mis des fétus de natte.
Rends-moi la jambe d'Othman,
Je l'ai laissée sur la banquette.
La femme saisit cette jambe, la lui jeta par la fenêtre, en disant :
-Tiens, voilà ta charogne, charogne toi-même !
Depuis ce jour-là, elle jura ses grands dieux de ne plus tisser la nuit. C'est pour cela aussi que les femmes redoutent de tisser la nuit.


9. Le négligent

Yella yiwen zik-nni yuà ¨eb²a tlawin i wakken ad xedment taŸu‚. Ad åŸent ib¨enyas, a ten-yawi àe¨ ssuq, a ten-yezzenz. Assen, di ccetwa, yeàli-d ‚‚lam, ur yelli use¨àu ara grent di lkanun. Argaz ye‚‚es f de‰‰nt, nutenti cennunt :
Ay argaz, qedde¨ tabburt,
Ne‰‰enti ²awez di reb²a,
Ma irad-ak Ûebbi s lxelf,
Ad ak-d-naà tayuga.

Il y avait une fois un homme qui avait épousé quatre femmes pour leur faire travailler la laine et tisser des burnous qu'il allait vendre au marché. Un jour d'hiver, la nuit tomba et il n'y avait plus de bois pour garnir le feu. L'homme dormait sur la banquette et ses femmes chantaient :
Hé l'homme, débite la porte,
Nous sommes quatre à veiller ;
Si Dieu a décidé pour toi la richesse,
Nous t'achèterons une paire e bœufs.


10. La femme qui prend soin de sa santé

Yella yiwen, yuà snat tlawin. Yi""ass, i¨uí s inig, ife¨q-asent ccayweh. Yiwet te©©uíu, tejmme² iñu¨diyen, te„„aà taŸut. TeåŸa-yas abe¨nus d ye²lawen, te©©u¨-as asenduq d iåeŸwan.
TayeŸnin te©©a akken yelha, telsa akken yelha. TeåŸa kan ayen ara t-iqamen i yiman-is. Di ññeíía-s teíla, takna-nni ine teŸ²ef.
Asmi i d-yusa wergaz degg inig, yufa-d yiwet teíla, tayeŸ teŸ²ef. Yenna-yas i tin iŸe²fen:
-Acimi t te²feŸ. Tenna-yas:
-Tenàa-yi ccedda n taŸu‚, u yerna ©©uíuà, ur ©©ià ara akken yelha.
Yenna-yas i tin akkenni yeílan: Acimi teíliŸ? Tena-yas:
-Nekkini ©©ià akken yelha, lsià akken yelha. Tura mel-iyi wi teddmeŸ deg-nteà, ma at teddmeŸ igg bnan, neà at teddmeŸ igg åŸan?
Yenna-yas:
Nekkini ad ddmeà tin yebnan, ur „„addameà ara igg åŸan.Se‡‡ assen, tilawin ©©uíunt i ññeíía-nsent. Qqa¨n-as: leíbab, ma rebíeà; argaz, ma cebíeà. Yernu ur íemmelent ara lŒedma n taŸu‚, tte„„ di bnadem. Leí¨am d ase‚‚af, a sut taŸu‚ !

Un homme avait deux femmes. Un jour, il partit en voyage et partagea entre ses économies. L'une épargna, amassa de l'argent et acheta de la laine. Elle tissa pour le mari burnous et couvertures, de quoi remplir tout un coffre.
L'autre mangea bien, s'habilla bien et ne tissa que ce dont elle avait besoin pour elle-même. Elle y gagna une santé resplendissante et sa compagne dépérissait.
Quand le mari rentra de voyage, il trouva l'une en belle santé et l'autre amaigrie. Il dit à celle-ci:
-Pourquoi as-tu si mauvaise mine ?
-C'est la fatigue du travail de la laine qui m'a épuisée, sans compter que j'ai économisé et que je n'ai pas mangé comme il aurait fallu.
Il demanda à celle qui avait si bonne mine:
-D'où te vient cette belle santé ?
-Moi, dit-elle, j'ai bien mangé, je me suis bien vêtue, maintenant dis-moi laquelle de nous deux tu préfères. Celle qui s'est bien soignée, ou celle qui a tissé.
-Je préfère, dit-il garder celle qui s'est bien soignée et non celle qui a tissé.
Depuis lors, les femmes ménagent leur santé. On dit: des mains, j'en trouverai si je suis riche ; un mari, si je suis belle. De plus, les femmes n'aiment pas beaucoup le travail de la laine qui épuise les santés. Tisseuses, vous voilà bien prévenues.

11. La sotte

Tella yiwet tmu‚‚ut, tta²ggunt. Yi""ass tes²a taŸu‚, t¨uí te""i-„ a¨ tala ad d-irid. Ihi te""i-„, ur as-tekkis ara axclaw. Tessard-i„-id, teq¨edc-i„, sakin tellem-i„ s uxeclaw. Tuàal tegr-i„, teåŸa-„ kan akken s uxeclaw-is. Ihi t¨uí-d yiwet, ttamusnawt. Teskad, twala ma©©i akken i xeddmen medden taŸu‚. Tenna-yas :
Turad, wer yekkis ;
tefser, wer yekkis ;
Teqqe¨dec, wer yekkis ;
teåŸa, wer yekkis :
Ad yekcef Ûebbi lall-is!
Tuàal tenna-yas :
-Ugadeà a d-s²uŸ arrac, wi ara sen,-yeåden tiqucac ? Terra-yas t²eggunt:
-A sen- sburruyeà ilisen!


Il y avait une femme stupide, ayant un jour de la laine, alla la laver à la fontaine. Elle l'emporta sans en avoir enlevé les brindilles. Elle la lava, la carda puis le fila avec ses impuretés. Elle la monta sur le métier à tisser telle quelle avec les résidus. Un e femme entra, qui connaissait parfaitement le métier. D'un coup d'œil, elle comprit que l'autre avait une singulière façon de travailler. Elle lui dit :
Elle a été lavée, ce n'est pas parti ;
Etendue, ce n'est pas parti,
Elle a été cardée, ce n'était pas ôté ;
Elle a été tissée, ce n'était pas ôté ;
Que Dieu fasse savoir la bêtise de sa tisseuse.
Elle a ajouté :
- J'ai peur que tu aies des enfants : qui leur tissera des vêtements à capuchon ?
- Je les couvrirai, répondit la sotte, avec des toisons brutes.


12. La paresseuse

Yiwen wergaz yes²a snat takniwin. Grent-s abe¨nus. Argaz-nsent ye‚‚es f dde‰‰ent. Ye„wali, isell-asent-d acu xeddment. Yiwet di tilawin te‚‚es f ufeggag, tayeŸ tåe‚‚, tåe‚‚ armi telluå, tekker ad d-uqem cwi‚ n seksu deg flew. Akken d-²emme¨, yeqqe¨beb yeflew di tu‡‡i. Takna-s tekker-d i wakken at te©© di seksu-ni. Akken te©©a, tenna-yas :
Slià yeqqe¨beb uyaåil : ssià, dleà ;
Slià yeqqe¨beb yeflew : ukià, kkreà !
Argaz-is iwala-„-id, yesla-yaz-d ka texddem, yenna-yas :
-Ûuí, brià-am. Tizi bbi©©i, tekkreŸ, tizi l lxedma te‚‚ñeŸ !

Un homme avait deux épouses qui entreprirent de lui tisser un burnous. L'homme était couché sur la banquette mais il voyait et entendait tout ce que les femmes faisaient. L'une des deux s'endormit sur l'ensouple. L'autre tissait, tissait, et , à la fin, se sentant l'estomac vide, elle se leva pour prendre un peu de couscous dans une louche. Comme elle puisait dans la couscoussière, la louche tinta, l'autre femme se leva pour manger elle aussi. Après quoi, elle dit :
J'ai entendu cogner le peigne, j'ai fait mon lit et tiré mes couvertures.
J'ai entendu tinter la louche: je me suis réveillée et me suis levée.
Le mari, qui voyait et entendait tout ce qu'elle faisait, dit :
- Va-t'en : je te répudie; quand il s'agit de manger, tu te lèves, quand il s'agit de travailler, tu restes couchée.

13. Comment emprunter des ensouples

T¨uí yiwet tme‚‚ut àu¨ tja¨e„-is ad mmter ifeggagen, tufa-„ la trekki ace""aŸ. Teqqim, tenna-yas :
-Nekk ad ©©eà ace""aŸ.
Ur s-tenni ara qbel, fkemt-iyi ifeggagen. Tàill tayeŸ d ace""aŸ kan i „-id ye""in.
T¨uí-d tme‚‚ut-niŸen, tenna-yas i lall ""exxam :
-Fk-iyi-d ifeggagen.
T¨uí te""i-ten. Tekker m uce""aŸ-nni tenna-yas i lall ""exxam:
-Fk-iyi-d ifeggagen. Tenna-yas tinna :
-Dayen, m ifeggagen te""i-ten, m uce""aŸ te©©a-t.

Une femme alla trouver une voisine pour emprunter des ensouples. Elle la trouva occupée à tremper un plat de pâtes fraîches. Elle s'assit et lui dit:
-Je voudrais bien goûter ta cuisine.
Comme elle ne lui avait pas dit d'abord : prêtez-moi des ensouples, l'autre pensa que ce n'était que le plat de pâtes qui l'attirait.
Une autre femme survint, qui demanda à la maîtresse de maison:
-Prête-moi les ensouples.
Elle les emporta. Alors, celle qui avait mangeait les pâtes fraîches dit à la maîtresse de céans :
-Prête-moi tes ensouples.
-Trop tard, répondit-elle, celle qui voulait des ensouples les a eues, celle qui voulait du plat de pâtes fraîches en a mangé.


14. Tissirt ""exxam.

Asmi yefka yelli-s Sidna Û¨asul |eh, tedda t tislit, azekka-nni ññbeí i¨uí àu¨-s, yufa-„-in ur tec¨ih ara s jwaÞ-is. Yenna-yas:
-Dacu kem-yuàen akka? Tenna-yas:
-A baba, ur tes²iŸ dacu i yi-hwan. Yenna-yas:
-A yelli, ¨uí: azekka ññbeí ad iyi-d rreŸ s wexbi¨.
Azekka-nni ññbeí, yuàal àu¨-s, yenna-yas:
-A yelli, amek. Tenna-yas:
-A baba kifkif.
Baba-s ye²na-„ s teà¨it. Mkul tiyita a d-àelli yiwet n twekka, ne„„at ineqq-i„. Tenna-yas:
-A bab, ce²feà! Yenna-yas:
-A yelli, mazal.
Armi s-d-yeàŸel „es²a we„²in n twekka, annect-nni iåu¨an i s-yemmuten. Yenna-yas:
-Ûuí, a yelli, atan ÞÞià-am yiwen uåa¨, yes-s ara teíyu ddunit. Mi ulac, at tkecmemt lebíe¨, at tefàemt wayeŸ.
Yeddm-i„ àe¨ tbaqit n tqes¨it-is, yenna-yas:
Già-a‰ent am temse‚‚.Sakin yeÞÞa-yasent d dd²a i tme‚‚ut n ddunnit me¨¨a, yenna-yasent:
Già-a‰ent am tessirt, ma yella líebb, at teådemt, ma ulac at te‚‚ñemt.
D ayagi i f i s-neqqa¨: tame‚‚ut d adàaà yersen, am te¨hen meååiyet, ama teÞÞel meååiyet.
Aàa¨ef ""adda n tessirt, fell-as ig ååad: iketeb-ut Ûebbi ye„àimi di lqa²a. D l!ebd sehlen-t medden, d win ur nes²ei tissas . Ka ara yilin, d ne„„a. Ma d aàa¨ef ufella, nesrusuy-it d lfal i weqcic mi ara ylal, i wakken ad yekkat irgazn s wiyaŸ. D assiffi ara ten-yessaffay: neqqa¨-as, at tàe¨¨feŸ am uàa¨ef, ad „„e¨iíeŸ íaca i wul ggired, ama i taddart-ik, ama i texri‚-ik, ama i ter‰ent-ik, ama de‡meslay-ik.
Ma yuàal weqcic àe¨ dduí ad yeqqim uàa¨ef ddaw-as, mulac, ad yers nnig iqe¨¨a-nsen, ne„„a d yemma-s.
Aàa¨ef yelha daàen i wmeŒtan. Ad yers ttama ""esgen-is i wakken ur tŒe„„a¨ ara ‚‚ha¨a-s.


Quand le Prophète maria sa fille, le lendemain du jour où elle était arrivée au domicile conjugal, il alla la voir. Elle n'avait pas l'air enchantée.
-Qu'as-tu donc? Lui demanda-t-il.
-Père, dit-elle, cela ne me plaît pas du tout.
-Laisse, ma fille, dit le Prophète: demain matin, tu m'en parleras.
Le lendemain matin, il revint et demanda:
-Alors, ma fille?
-Père, répondit-elle, c'est la même chose.
Alors, il se mit à la battre: à chaque coup, un ver tombait: il le tuait.
-Père, je regrette, disait sa fille.
-Ce n'est pas fini , disait le père.
Il continua à la frapper jusqu'à ce qu'il eût fait tomber quatre-vingt dix neuf vers: autant de fibres passionnelles étaient mortes dans le cœur de la jeune femme.
-C'est bon, ma fille. Je te laisse la dernière fibre, elle suffira à entretenir la vie. Sans cela, vous, les femmes, vous ne quitteriez un océan de passions que pour vous jeter dans un autre.
La touchant au haut de la cuisse, il dit:
-Je vous fais semblables à la pierre à aiguiser.
Enfin, à l'adresse de toutes les femmes:
-Vous serez comme le moulin à bras, s'il y a du grain, vous moudrez, sinon vous dormirez.
C'est pourquoi nous disons: le femme est une pierre sur le sol, qu'elle soit abandonnée jeune, soit que, toute jeune encore, elle devienne veuve. La meule inférieure est celle sur laquelle on moud: elle est destinée à rester fixée au sol. C'est l'image de l'individu dont tout le monde dispose, qui ne sait pas se faire respecter. On ne s'en prend qu'à lui. La meule supérieure, elle est un porte-bonheur pour l'enfant à sa naissance. Il dressera les gens les uns contre les autres, saura les passer au crible de son autorité. Nous lui disons: tu moudras comme la meule, tu ne fourniras que de la fleur de froment, tant dans ta descendance, que dans ta bourse, tes provisions, tes paroles.
Quand le bébé a été mis au berceau, la meule repose dessous; sinon, elle est placée à la tête du lit de la mère et de l'enfant.
La meule est encore utilisée dans le cas du nouveau circoncis : on la place prés de son lit, pour que la plaie ne s'infecte pas.


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