1. Si Mohand Ou Mhand (traductions Boulifa).
2. Lhousine de 'Adni (traductions Boulifa).
3. Muhend-Saïd Oubelhiret (traductions Boulifa).
4. Larbi Oul-Braham (traductions Boulifa).
5. Muhend Saâid Ahawach (traductions Boulifa).
6. Autre témoignage sur Si Mohand (Boulifa,
Alger, 1913 ; texte transcrit et traduit par Madeleine Allain, FDB n°123,
1974).
7. Cheikh Mohand Ou Lhoussine (FDB n° 96, 1967).
8. Deux autres pièces (FDB n° 91, 1966,
p. 18).
1. Si Mohand Ou Mhand
1.
Tikkelt a ad heÞÞià asefru
W'²al Llah ad ilhu
Ad inadi deg lweyat
Wi t-islan ar da t-yaru
Ur as uderru
W'illan d lfahem yeå¨a-t
Aníell Ûebbi a tent-ihdu
½ur-s ay nda²u
Ad ba²dent adrim nefka-t
Cette fois-ci, je vais composer un poème
Plaise à Dieu qu'il soit bon
Poème qui se répandra dans les vallées et les plaines
Quiconque l'aura entendu l'écrira
Et ne voudra jamais l'oublier
Car celui qui est intelligent, le comprendra
Je prie Dieu de les décider de les inspirer
C'est à lui que nous adressons nos prières
Pour qu'elles s'éloignent de moi, ma fortune est épuisée.
2.
Ziàen la²ceq yemxallaf
If¨¨eq d leñnaf
Kulwa d akken yetmeííen
Ab²a izehhu s letaf
D zzeh¨-is yulaf
Iqqim nea d wi ²zizen
D ab²a meskin ha-t iníaf
D ay-gebàa ur i af
S lehlak-is d Ûebbi a g²almen
Je vois certes, que l'amour est une chose variable
Il se présente sous différentes formes
Chacun a son genre de passion.
L'un se livre aux plaisirs, grâce à ses influences
Dans le bonheur, son sort s'est accoutumé
Heureux, il demeure près de sa bien-aimée
L'autre qui n'est qu'un pauvre déshérité
Ne peut avoir ce dont il a envie
De son mal, Dieu seul a connaissance
3.
Ata l²aqel-iw yesleb
D lmeína-w teñ²ab
S²ià l²ib neímmeq
F tuzyint nugi anjaneb
D ¨¨ay yeddebdeb
G líal nezga-d n²awweq
I¨taí wi ur nje¨¨eb
Lef¨aq ay-ges²zb
D wi ²zizen s la²ceq
Voici que ma raison s'égare
La cause de mon état malheureux est compliqué
J'ai le défaut d'être impatient, emporté
De la belle je ne peux et ne veux m'éloigner
Ma volonté devient indécise
De cette situation, je me trouve embarrassé
Heureux celui qui n'a jamais éprouvé
Que la séparation est dure et pénible
De ce qui vous est si cher
4.
D lqul-iw yedda àef lmim
Af lall n webzim
Amm tec¨a seddu zzenda
Asmi llià d aíbib-im
Teíseb-iyi am mmi-m
La²ceq tzad lemíiba
Tura mi t²awje udm-im
Teb¨i i wallen-im
²ni ur am-hwià ara
Mon poème part au mim
Et parle de toi, ô belle aux agrafes
De toi! Qui as des tatouages sous les bras
Quand j'étais ton amant
Tu m'aimais autant que ton fils
Tu avais pour moi plus que de l'amour, de l'amitié
Maintenant que tu détournes de moi ton regard
Que tu baisses les yeux
Est-ce à dire que je ne te plais plus.
5.
Lfeñl-iw idda f lfa
Af terna lya
S llam w llif ikemmil
D ddal ay d wis xemsa
Irna-d lam u lfa
S lya u nnun yejemmil
Ac men ¨afa
D lqed neà d ññifa
Anwa ur -neíemmil
Le sujet de mon poème commence par fa
Auquel vient s'ajouter lia
Par lam et lif, se continue
C'est le dal qui est le cinquième
Suivi du lam et du fa
Par lia et noun il se complète
Quelle grâce! Quelle élégance
Quelle taille et quelle beauté
Quel est celui qui ne l'aimerait pas
7.
Ataya wul-iw inuÞ
Am lebíer yemuÞ
½ef tin ²zizen fell-i
Dehbeyya isegmi l- lesluÞ
Igman deg lem¨uÞ
TezweÞ àer wedrer tuli
Mat-tura ¨¨eíl-is igguÞ
itbirt àef tt¨uÞ
TeÞÞa azniq d lxali
Voici que mon cur s'agite
Comme une mer, il se tourmente
Au sujet de celle qui m'est si chère
Dahbia, tige d'asphodèle
S'est mariée! Vers la montagne elle est partie
Nous ayant quittés emmenant toute sa suite
Qui pousse et se développe dans les prairies
Elle, belle comme une colombe sur un trône
Toutes nos rues sont devenues tristes et désertes.
8.
Ataya wul-iw yetxeyyeq
½er daxel ifelleq
Micki ara -id-nemekti
Ay agellid lxaleq
Tefru-aà s líeq
Ad aà-tili am²ani
½er-k a Ûebbi ay d-nxe¨¨eq
Sellek-aà n²awweq
Yak àur-k yeshel kulci
Voici que mon cur s'impatiente et s'attriste,
Où c'est en dedans que sa blessure s'est produite
Toutes les fois que je pense à elle
O Roi! Le Créateur
Réconcilie-nous avec équité
Sois pour nous l'aide, le Pacificateur
C'est en Toi, ô mon Dieu, que j'espère
Délivre-moi de mes tourments
Car pour Toi tout est faisable.
9.
Ata wul-iw yeferfir
Awi ilen d itbir
Ad zegreà lebíe¨ yi""as
Ar sut llebsa l-leírir
S ss¨aya d lÞir
Kulta nnum¨u deg lía¨a-s
Yak da ma cebbíent laíir
Idhe¨ wer yeffir
Zzhu n dagi damessas.
Voici que mon cur tressaille et s'agite
Que je voudrais être pigeon
Je traverserais la mer un jour
Pour aller vers celles aux vêtements en soie
Et aux petits palais blanchis à la chaux
Chacune a son numéro dans la cour
Certes, ici, si elles se font belles, leur beauté me laisse froid
C'est une chose apparente et nullement cachée
Que l'amour d'ici est sans charme
10.
Ha-ten a deg Leblida
Tarrawt l làerba
Di zznaqi la íewwisen
Tissit nnsen di berna
D u©©i àef abla
Tiqcicin a ger-asen
Abrid l lÞame² ig²adda
Lmise¨ d d lme¨ña
½er Dehbeyya ay d sen
Ils sont tous à Blida
Les fils de l'exil
Dans les rues, ils se promènent
Leur boisson est dans les cafés-restaurants
Leur repas est servi sur des tables
Tous sont assistés de jolies filles
Par le chemin de Ldjem²a on s'éloigne
Lmiser est leur port de relâche
C'est pour Dehbia que l'on vient
11.
Sià i lbabu¨ isuà
Yendef wul ruà
Ay ges²a lhiba lef¨aq
Mmer tella lekra ar d dduà
Nek id em ur beuà
Kulwa d anda i²aceq
Nek d wul-iw ay nennuà
ëed ma ard as-íkuà
Siwa agellid lxaleq
En entendant le mugissement du bateau
Blessé de nouveau au cur, je me mis à pleurer
Combien la séparation inspire d'angoisse
Si j'avais le prix du passage je m'embarquerais
Car de toi, je ne saurais me séparer
Chacun a ses amours quelque part
La lutte entre mon cur et moi
Je ne m'en suis plaint à personne
Si ce n'est à Toi, ô Roi, le Créateur
12.
Tasedda i¨²aden tuàwas
Zdat At ³abbas
Mi is-nnan medden ye¨íel
D mm timmi ta²kef am leqwas
Tamzurt ar ammas
Tbbucin-is d ifelfel
Melt-iyi anida lía¨a-s
Ard rzuà fell-as
Ma ²a¨qaà-as ad iyi-ta²qel
La lionne a rugi et tressailli
Devant tous les Béni Abbas
Lorsqu'on lui a appris mon départ
De celle, aux beaux sourcils arqués
Aux cheveux tombant jusqu'aux hanches
De celle, aux petits seins carminés
Que l'on me montre sa demeure
Afin que j'aille m'informer d'elle
Si oublié que je sois, elle saura bientôt me reconnaître
13.
A kem-in²al Ûebbi a lmut
Ur neÞÞi tamurt
Te""i a gellan d l²ali
Am rgaz am tmeut
Wi yelhan immut
Iqqim wi illan d dduni
Leba¨ ""ià-t-id s but
A lfahemin cfut
Temmut teqcict tàa-i
Que Dieu te maudisse, ô mort
Qui épargne aucun pays
Tu as fauché tout ce qui est de choix
Parmi les hommes, parmi le femmes
Tout ce qui est bon et beau, est par toi ravi
Il ne reste que ce qui est mauvais et laid
J'ai la certitude de ce que j'avance
O gens sensés vous vous en souviendrez
La belle enfant est morte, et j'en suis très affligé
14.
Temmut ta²zizt ur nemmåi¨
Lmut a te extir
Ûebbi iteddu deg nneqma
Ay akal ur -tàeyyi¨
Mm la²yun n tti¨
Ta²fumt-as a lmuluka
D aåawali wer t teíqi¨
D yelli n lxi¨
Me¨íumet si lÞahennema
Elle est morte, la chère adorée sans nous revoir
La mort choisit
Dieu se mettant contre nous, la favorise
O terre, ne la profane pas
Elle est si belle, avec ses yeux de faucon
Pardonnez lui, ô anges
Un malheureux par elle, n'a pas été dédaigné
C'était une fille de bien
Qu'elle soit préservée de l'enfer
15.
Lemnam agi d bu tlufa
Urgaà Yamina
Aaya mm udem imserri
Llebsa ines d lfua
Agus d ssfifa
Taksumt-is d afilali
Ukià-d ur d ufià ara
Wteà deg tsummta
Fkià- i lwa²d imei
Le songe est plein de méchancetés et de méfaits
J'ai vu en rêve Yamina
Venir vers moi avec son gracieux visage
Elle portait une fouta de soie écarlate
Et une ceinture de laie tressée
Sa chair était rose comme l'afilali
Je me suis réveillé et n'ai rien trouvé
Frappant et retombant sur l'oreiller
Je me suis livré aux larmes
16.
Nek id-m a tuzyint lef¨aq
½erreb neà ce¨¨aq
Lexdi²a seg-m ay d-kka
D afwad-iw fell-am yeí¨eq
D iàes iceqqeq
Líubb-iw seg-m iwekka
Yak tura yedhe¨ nef¨eq
Nezga-d n²awweq
Beu cubaà-t d aåekka
Nous devons, ô belle, nous séparer
Dirige-toi vers l'est ou l'ouest
La trahison est venue de toi
Pour toi, mon cur, s'est consumé
Et l'os, atteint par le coup, s'est fendillé
Mon amour pour toi, est profond et inébranlable
Mais n'est-il pas évident que nous avons rompu
C'est ce qui m'inquiète et me tourmente
Car la séparation est pour moi, semblable à la tombe
17.
Ata wul-iw yeemíebba¨
Si lkif d leme¨
Ay fkià lebài i lxate¨-iw
Usià-d aql-i d ateyya¨
A lfahmin leí¨a¨
íià-d d aàrib deg tmurt-iw
Asmi llià ba²deà laq¨a¨
Ur ""ià l²a¨
Tura yenguga wul-iw
Voici mon cur est tout agité
Etant grisé de kif et de boisson
J'ai trop donné libre élan à mes caprices
Je suis ici, abandonné et repoussé de tous
O gens sensés et nobles
Je me trouve comme étranger, même dans mon pays
Quand j'ai été loin et sans donner de mes nouvelles
Là je n'y ai jamais eu de reproche ni d'affront
Tandis qu'ici, mon cur en est ébranlé
18.
Ulac wi illan d aseyyar
As-yawi leba¨
As-yefk lewÞab ufus-iw
Nemyussan asmi neqqa¨
Ma tecfa meqqa¨
Imiren t-taÞa¨e-iw
Tura teqsem i wbu²mma¨
Tusbiàt l-lecfa¨
Terna nnefñ deg lemíayen-iw
Y a-t-il un bon marcheur
Pour lui porter mes nouvelles
Et lui remettre la réponse écrite de ma main
Nous nous connaissons, quand nous allions en classe
Se le rappelle-t-elle au moins
A l'époque, elle était ma voisine
Maintenant, elle est destinée à un épervier
La belle, aux beaux cils noirs
Est la cause de la moitié de mes peines
19.
ubían-k a Waíed l'aíed
DlwaÞab a k-neímed
Tefki-d ludra nñebr-as
Zikenni mi zzhe¨ iñeggem-d
Lhaà d uÞewwed
Kul líe¨f s l²iba¨a-s
Tura imi neaxed
½ef leí¨am n²ammed
Ssneà abrid xià-as
Salut et Gloire à toi, l'unique, le Seul
Il est de notre devoir à tous, de t'adorer
Soumis, je subis l'épreuve que tu m'infligeas
Autrefois, favorisé et guidé par le sort
Je m'occupais à épeler, à réciter le Koran
Où chaque lettre se trouve avoir une fonction
Maintenant, pris par le vice
Je commets sciemment avec conscience, ce qui y est défendu
Je connais la bonne voie; et je m'en écarte
20.
Ata wul-iw iàemm-d
S imei iíeml-d
½ef fayen i²eddan fell-as
Mi íkià i wedrar yenhed
Ul-iw inedf-d
³acqeà deg zzhu n tullas
Deg ixf-iw akka ag jerreb
D zzhe¨ ulaíed
Mennaà awi izhan yi""as
Voici que mon cur, d'orage se charge
De larmes, il grossit et déborde
A cause de tout ce qu'il a enduré
Lorsque j'en fais part à la montagne, elle en tremble
La plaie de mon cur se rouvre
Mon mal est d'être épris de l'amour des filles
C'est un mal qui m'est prédestiné
N'ayant jamais été favorisé par le sort
Je voudrais pouvoir un jour, goûter de cet amour
21.
A Lleh ke©© d a¨eååaq
Isidiren ineqq
Kul yiwen i²ac g tmurt-is
Alb²a tefki-as le¨åaq
Kul lÞiha ixe¨¨eq
Tasekkurt deg gexxam-is
Alb²a terri i lemcaq
D ååel u la²ceq
Yusa-d d làayeb ¨¨ay
O Dieu, Toi qui es celui qui comble et favorise
Celui qui fait vivre et fait mourir
Chacun vit dans son pays
A l'un, Tu as donné des richesses
De tout côté, il ne fait que prospérer
Une perdrix égaie sa maison
L'autre, tu l'as livré aux aventures
A la misère et à l'amour
Il se trouve relégué ici-bas ( ô homme sensé)
2. Líusin de 'Adni
109.
Lqul-iw idda àef lfa
I""i àef lmeína
D ¨¨ay-iw ijaíen
Kulci d lwa²d ay atma
Diri tiyita
D Ûebbi ay geraden
ßÞià tamurt m baba
³uc¨eà Sseíra
usemmaà seg menfiyen
Mon poème , qui rime en fa
Chante les peines et les misères du cur
Il parle surtout de mon âme égarée
Tout est entre les mains du destin, ô frère
Me le reprocher serait mal
Car Dieu seul, par sa volonté, nous fait agir
J'ai abandonner ma patrie, celle de mon père
Habitué, acclimaté à la vie du Sahara
Je passe pour un exilé, un évadé
110.
Ad awen-íkuà ay atma
Ma aíessem Þemla
Ma llan igad ifehmen
La²ceq la©©i d lbid²a
Yak si zik yella
Ma©©i ala nek a gselben
Ssbab-iw d Tabya
Titbirt l²alya
Neà tasedda ica²en
J'ai à vous faire connaître, ô mes frères
Si vous me promettez tous de m'écouter
Si parmi vous il en est qui puissent me comprendre
L'amour n'est nullement une innovation
N'existe-t-il pas depuis les temps les plus antiques
Je ne suis pas le seul à qui il a engendré la folie
La cause de mon état, c'est Tabia
Belle comme la colombe des palais
Ou la lionne rugissante et illustre
111.
Aba² t²uzze a Ûebbi
Hatat ye©©uli
Di tmurt ay geddunñeñ
Taíbibt-is ar -iwali
Kul yum g zznaqi
Izga lfe¨í deg ul ines
La©©i yiwen am nekkini
Buñaà di ssía¨i
Di tmurt l-lexwames
Certain, affectionné par Toi, ô Dieu
Est là-bas qui se dandine, ne cherchant qu'à briller
Dans le pays où il se pavane
A tout instant, il peut voir sa bonne amis
Parcourant chaque jour le village par toutes les rues
Son cur est continuellement dans la joie
Il n'en est pas de même pour moi
Qui suis condamné au Sahara
Dans le pays des hérétiques
112.
Annaà a Sidi Ûebbi
¨eà-k a l²ali
Bdià ssqa d ameååyan
Teb²aà leqíab s umenni
L²aqel ur illi
uà leíbab d imawlen
Xems snin nek isselbi
Û¨ay lihudi
½ef Tabya ay ÞÞià axxam
Pitié, ô mon Dieu
C'est Toi que j'implore, ô Très Elevé
Tout jeune, je suis brisé de peines et de souffrances
Je m'étais plongé dans la passion des filles publiques
Je ne devais pas âtre en possession de ma raison
Jusqu'à oublier parents et amis
Pendant cinq ans, c'était une vraie folie
Par ta faute, ô âme exécrable et infecte
Qui, pour Tabia, m'a fait abandonner oublier les miens
113.
A Ben Dris tura be¨ka
Je¨¨beà lmeína
Ili-k seg id ituben
Yak la²ceq bab-is yefna
D imei dima
C²al nna¨ deg ulawen
Sàur Ûebbi i d yekka waya
Ur neksan ara
Nttu¨na d Itabiyen
C'est assez maintenant, ô Ben Dris
Tu es suffisamment éprouvé par les peines du cur
Sois de ceux qui se soumettent à la volonté de Dieu
De l'amour, celui qui en est atteint est bientôt épuisé
Car chaque jour, ce sont des pleurs et des gémissements
Et un feu intérieur, allumé dans son cur, le dévore
Notre état actuel nous a été infligé par
Dieu
C'est malgré notre volonté
Si nous avons adopté la nationalité des Itabïen
114.
Atni Hed¨en-d la²wace¨
Yak ilha ufekke¨
Deg ¨aÞun medden lfuuí
Wi is²an taíbibt ar -iåe¨
Ad yid-s iqesse¨
A -yaf deg ezniq s rríuí
Ar nek a fa²l lqade¨
Azen-iyi-d ssbe¨
Ulac bermesyun an¨uí
Les jours de fête sainte arrivent
Il est bien doux de faire revivre ses souvenirs
Fête où les gens aspirent à la clémence à
la paix
Quiconque a une amie aura le plaisir de la revoir
Et de réjouir un moment avec elle
Il la rencontrera dans la rue, belle et parfumée
Quant à moi, ô Agent puissant
Fais que mon cur se calme et se résigne
Car je n'ai pas permission pour me rendre au pays
115.
Ay itri bu nnea
Azzel abrid-a
Mel-iyi amek iga wul-is
Mm teksumt am lfea
Akken ay teñfa
Sa²diyya mechu¨ yism-is
Tecba tizerzert lxeffa
Illan di Sseí¨a
S²ant lhiba wallen-is
O étoile, point brillant
Cours cette fois
Tu me diras ce qui se passe en son cur
Vers elle dont la blancheur de la peau
Est aussi pure que celle de l'argent
Saadia, au nom renommé
Elle est, par sa légèreté de ses mouvements
Comme la gazelle qui vit dans le Sahara
Son regard est imposant et majestueux
116.
xil-k ay itbir ²alli
A gma-s l-lemri
Awlidi ili-k d lkayes
Aa inek àer ²adni
Qeggel deg Wzabi
Taddart labudda Hewwes
Siwe -asen sslam sàur-i
I leíbab irelli
Sa²diyya ewwel yid-s
Je t'en supplie, ô pigeon prends ton vol
Toi, ô descendant de Igwemri
Ami, tu te montreras habile et aimable
Ton but est d'arriver à Adni
Tu te reposeras prendras le frais à Azabi
Dans tout le village, il faudra t'y promener
Tu salueras de ma part
Tous les amis, sans exception
Auprès de Saadia, tu prolongeras ton séjour
117
Ad asen-teíku ieelli
Ay ge¨an yid-i
xil-k ili d lfares
Aqli-i kulyum d imei
Ma ad d-rzun fell-i
Xe¨um abra d awennes
Lemíayen xañ nekkini
³aggde² d Umåabi
Aa ssu¨a-w tesres
A tous, tu leur raconteras
Tout ce qui m'est arrivé
Je te prie d'être bien habile et éloquent
Dis-leur que, chaque jour, je ne fais que pleurer
Qu'ils veuillent s'intéresser à moi
Qu'ils m'écrivent: cela tient toujours compagnie
Dis-leur qu'il n'y a pas plus malheureux que moi
Qui ai passé Laïd au milieu des Mzabites
J'en suis ébranlé, tout mon être se disloque
118.
Ay am-d-greà d ññellaí
At tåallit n ññbeí
yetran yeddukulen
Meli-i lemíiba n ññeí
Men ²andi teqseí
Akken tella deg ulawen
I sin yemlalen ññbeí
Yendeh uberreí
Tameddit yexda² yiwen
Je ta supplie, au nom des saints
Au nom de tous ceux qui prient dès l'aube
Et des astres qui se lèvent et se couchent ensemble
De me montrer et de me dire ce qu'est la vraie amitié
De ma part, elle est vive et profonde
Telle qu'elle doit être dans les curs
Que penser de ceux qui, le matin, se livrent l'un à l'autre
Leur liaison répandue est connue de tout le monde
Et dont, le soir, l'un d'eux trahit
127.
Ata wul-iw ineggi
Metleà-t Vel lbuji
Illan di lefna¨ teíbes
Skud t¨eq teribi
Si ññehd t-tmessi
Acemma acemma tneqqes
TeÞÞa amkan-is d lxali
Tafat-is texsi
Yel lam yessulles
Mon cur se désagrège et coule goutte à goutte
Je le compare à une bougie
Qui, enfermée dans une lanterne, se consomme
Et plus elle brûle, plus elle s'effondre
A cause de l'intensité de la chaleur
Peu à peu, elle diminue, elle décroît
Bientôt, sa place reste vide
La clarté de sa lumière disparaît
Pour ne laisser que l'obscurité la plus profonde
3. Muhend-Saïd Oubelhiret
157.
Sa²diyya d Faima
Rnu-d Dehbiyya
Akken ay jebdent ññef
Sut tec¨a seddu ¨¨eqba
Mital líejla
Kulci nnsent idda s líe¨f
Ay atma ay s²ant lhiba
Urgaà deg tnafa
Sa²diyya abrid-a a -neef
Saadia et Fatima
Y comprise Dehbia
Ont formé ensemble un clan
Toutes portent des tatouages dans le cou
Pareils à ceux de la perdrix
Tout, chez elles, est porté et fait avec art
O frères! Que de respect, de crainte inspire leur personne
J'ai fait un rêve, dans mon somme
Que j'aurai bientôt Saadia
158
Ay af¨ux a bu rrica
Na²ti-k b¨iyya
S ladris àer teqcicin
Abrid-ik Tizi at ³ica
³eddi lÞem²a
Lembat àer sut ta²yunin
Sellem àef Faima
Te¨nu-d Dehbiyya
D ²ani mm tmeqyasin
O oiseau à la belle aigrette
Je te charge de cette missive
Destinée et adressée aux filles
Ton chemin est par le col des Béni Aïcha
Passant par Ldjemaa
Ton coucher est près des belles aux jolis sourcils
Tu salueras Fatima
Ainsi que Dehbia
Et Aïni aux petits bracelets
159.
Assenni t-ta²acu¨t
A lfahmin cfut
Ad nini Ay teå¨a ti-a
Ur amnet tameut
Ieel da di tmurt
Si Tunes alamma d ªanja
Deg zal irna s but
Ul ijreí yemmut
Ay atma te¨a l²ia
Ce jour-là, c'était l'Achoura
O sensés, rappelez-le-vous bien
Je vais vous dire ce qu'a vu cet il
N'ayez jamais confiance en la femme
Partout, dans ce pays
Depuis Tunis jusqu'à Tanger
C'était en plein midi et devant témoins
Mon cur, blessé du coup, en est tout brisé et anéanti
Frères, il y a eu un grand scandale
160.
Aderàal tura d làut
Ggal ulac leínut
Yak iñuíeb ³alÞiyya
Acu ta²ceq tsekkurt
Degeàbub am te¨but
A Qessam ta d làela
L'aveugle est maintenant passé maître
Vous le pouvez affirmer sans craint de parjure
Sachez qu'il a approché et possédé Aldjia
Qu'a-t-elle aimé, la perdrix
En cet être infect, d'une saleté répugnante
O destin, ceci ne doit être qu'une erreur, une méprise.
230.
Taqcict iteba² nnu¨
D ism-is mechu¨
Sa²diyya yellan di LÞem²a
Iel-as lwad am ñanñur
Ihedd¨en s lÞu¨
Neà diputi deg Fransa
Wekkleà-am At Bumensu¨
D at yisem mechu¨
Ma ur d-nni ti""as yya
La fille que suit la lumière
Celle dont le nom est renommé
Est Saadia qui réside à ldjemaa
L'amour la rend éloquente comme un censeur
Qui ne parle qu'avec véhémence
Ou comme un député de France
Je te supplie, au nom des fils de Bou Mansour
Dont la sainteté est si célèbre
De me dire un jour: "Viens"
231.
Inàa-yi yies d ²awaz
Si lmeína d wermaz
Mi t²adda tuzyint nema²
Sa²diyya yelli-s n lbaz
Nàil a -níaz
Tesrafeg-i deg fus temna²
Yuà-i Qasi aíezzaz
Iraíen am lgaz
Zdeffir i -ittaba²
Je souffre pendant mes sommes et pendant l'éveil
Par suite des peines et réflexions qui me torturent
Quand je vois passer la belle, je languis d'amour
Saadia, fille de faucon
Que je pensais posséder un jour
S'est envolée de ma main, elle m'a échappé
Pour aller épouser le méfiant et jaloux Kassi
Qui pue comme le pétrole
Et qui la suit partout où elle va
232.
Lqe¨n agi d bu l²a¨
Ay geråa g letma¨
Ibda-ten-id mkul rrif
aíií akka ay tña¨
LeÞnan bu lenwa¨
A lfahmin ye©©a-t wassif
Taqcict llebsa-s d leàya¨
Neå¨a- d lxetya¨
D baba-s i -ifkan bessif
Siècle de honte et d'opprobre
Que de jolis arbres fruitiers tu as brisés, détruits
Les entamant par tous les côtés, tu les sapes sans pitié
En toute vérité, voici exactement ce qui s'est passé
"Le jardin aux beaux massifs de fleurs
O sensés, est ravagé, dévoré par le torrent"
La belle, celle aux vêtements légers comme des nuages
Celle que nous connaissons être le choix entre toutes
Est donnée malgré elle par son père
233.
Yuà-i kra m bu²emma¨
Tusbiàt l-lecfa¨
Xas ul-is yehba-t wurrif
Ma d Ûebbi Vur-s lexba¨
D aínin d ajebba¨
A--imna² si mkul líif
Epousée par un certain "épervier"
La belle aux jolis cils noirs
A le cur constamment dans le chagrin
Que Dieu, Lui a connaissance de tout
Lui qui est Bon et le sauveur par excellence
Veuille la délivrer de toutes les peines
4. Larbi Ould-Braham
172
Bqa²laxi¨ a tiliwa
Ti deg nexima
I yi-iÞan mebla lmeñ¨uf
Yi""as ay lu²aà tinna
Tanna-d menwa wa
TeÞÞa-yi alleà i wec¨uf
xil-k a Sidi Balwa
Ma ur d-qbile ara
Terre ¨¨ay-is d lmetluf
Adieu, sources et fontaines
Celles près desquelles j'aimais tant séjourner
Celles qui m'avaient réduit en misère
Une seule fois, j'ai interpellé une telle
Qui me répond: qui es-tu
Elle m'a poussé jusqu'à me précipiter dans l'abîme
Je te supplie, o Sidi Baloua
Agréant mon invocation
D'égarer, d'affoler sa raison
173
ªawes d Zwina di snat
Deg giwet taddart
Sut ddíuí t tmeqyasin
Mi d-²addant am líejlet
³adlent g ññifat
Tin teå¨i tin-as t-tin
³annaà-aent lmalaykkat
³adlemt-aà lembat
Nek d we¨fiq-iw di sin
Taoues et Zouina, toutes les deux
Sont du même village
Elles, aux bracelets d'argent et de corne
Elles sont, arrivant ensemble, comme de vraies perdrix
Elles ont les mêmes traits, la même beauté
A tel point qu'on les confond l'une l'autre
Je vous conjure, Belles au nom des anges
De nous accorder une nuit d'amour
A nous d'eux, mon compagnon et moi
174
Aa tasa-w tequddu¨
½ef lal mm mzur
D zzin-is di be¨¨a ulac
Tic¨a-is rrant d lÞu¨
Tikli am lbabu¨
½er temdint mi zzin leíwac
D ddunit-a d mm leà¨u¨
Deg rebíen la²¨u¨
D nnubba ""i-ak nes²ac
Mon cur font et s'égoutte
Au sujet de celle à la chevelure aux longues tresses
Dans ce pays, il n'y a pas de beauté pareille
Ses tatouages lui vont à merveille
Son allure est semblable à celle d'un bateau
Qui se rend vers la ville encadrée de villas
Cette époque est pleine de tromperies et de méfaits
Les vils et les fats seuls y trouvent leur bonheur
C'est leur tour, eux que nous avons recueillis et formés
175
Ufià- deg babedda¨
Di lÞe¨nan teqqa¨
Taqcict tusa-d si lakul
Mm teksumt am lebya¨
La t¨eq am lefna¨
Ti-is teàma deg lekíul
Mi d ²adda mm sebàa lecfa¨
D l²aql-iw ia¨
D ul-iw ikecm-it lhul
Je l'ai trouvée sur la porte du vestibule
Tenant un journal qu'elle lisait
La belle venait d'arriver de l'école
Avec sa peau couleur d'albâtre
Elle scintillante et éblouissante comme un flambeau
L'éclat de ses yeux est relevé par le khoul
Quand elle passe, elle, aux beaux cils noirs
Toute mon âme s'envole
Laissant mon cur agité et troublé
5. LíaÞ Sa²id Aíawac
269
Aql-iyi beddeà isse¨sa¨
LÞil a d aàedda¨
Mkulía yerba ssuq-is
G lbiru yekker uàebba¨
Ay ge¨a l²atba¨
Argaz iqubel jjwaÞ-is
Lmir a d lkumiña¨
Xedmen leqhe¨
Jjuj i²aggen lÞehd-is
Me voici exposé à toutes les intempéries de l'hiver
Par suit de cette génération perfide et traîtresse
Chacun ne récolte de son entreprise que des déceptions
Au bureau, un nuage de poussières s'éleva
Provoqué par la lutte qui s'y était engagée
Le mari s'est vu appeler à comparaître devant son épouse
Le maire et l'administrateur
Ont accompli des faits de violence
Et le juge a montré toute sa puissance
270
Seg F¨ansa ay dmcawa¨
Xebb¨en kul duwwa¨
Yebàa an nuàal d llemm-is
Deg wafar ay genaa¨
D lxiÞa yeqqa¨
Kul yiwen ibdel-as isem-is
L'arrêt nous vient de France
Chaque douar en a été aussitôt informé
Le Français veut que nous adoptions ses murs
Pendant qu'il suivait sur un registre
Le khodja énonçant en lisant
A chacun, il donna un autre nom
271
xi-k a mesyu lminis
Nexdem sserbis
Nek àileàa lÞid ak-nài
Nefsi dd¨ahem àef lkis
Lebhedla nu leí¨is
Yuàal-av uzal am yi
Wi irewlen iÞÞ arraw-is
Issenel iman-is
Nxebbe¨-ik mazal tesli
Nous vous avons supplié Monsieur le Ministre
Nous qui avons tous accompli notre service
Pensant, ô Excellence, que vous auriez pitié de nous
Amenés à délier nos bourses pour la Caisse
Pressurés et persécutés par toutes sortes d'outrages
Le jour est devenu pour nous pareil à la nuit
Quiconque a pris la fuite, abandonnant ses enfants
S'est dérobé pour cacher sa personne
Informé, vous n paraissez pas encore avoir entendu
272
Gasmi d innulfa leíem l lmir
Ay neåa ukemmir
Isumma-aà bía azrem
Líif idhe¨ ur iffir
Neàli wer nekkir
Mi ne©©a nna²ma nendem
xil-k a lminisdeggi¨
Rr-aà-d lminitir
Tefka dderya n Sidna Adem
C'est depuis qu'on a innové le gouvernement de maire
Que nous nous trouvons réduits à la plus grande misère
Il nous sucés et avalés à l'instar d'un serpent
Notre ruine est apparente et nullement cachée
Brisés, terrassés, nous ne pourrons jamais nous relever
Toute nourriture prise nous paraît lourde et amère
Nous vous supplions, ô Ministre de la guerre
De nous rendre l'administration militaire
Car toute la progéniture du seigneur Adam, est épuisée
273
xil-k a mesyu lbrifi
Ili-k d inifi
L²amala-k bezzaf teí¨eq
Lbatinta d ue¨fi
Nxeddem ur nekfi
Tura nezga-d n²awweq
Wi iÂÂuåen yedda íafi
Yuàal d imenfi
Hat deg teågi d amnafeq
De grâce, ô Monsieur le Préfet
Ayez un peu d'amour-propre et de cur
Votre département est trop pressuré
Ecrasés de patentes et de corvées
Nous travaillons sans jamais parvenir à nous suffire
Nous arrivons à un état embarrassant et critique
Quiconque est dans la misère, allant nu-pieds
Poussé par la faim, se fait bandit
Et passe dans la forêt, où il vit en insurgé
274
xil-k a sidi leban
Xedm-asen leísen
I l²ske¨ te""e meååi
Telt chu¨ tikli amen
ßÞan imawlan
Kecmen leblad lweñfani
A Ûebbi ²ajel s wussen
Xlan izenqan
A lxalat ²admemt timmi
Je te prie, ô seigneur capitaine
De prendre soin
Des jeunes soldats que tu emmènes
Ils auront à subir trois mois de bateau
Partis loin de leurs parents
Ils s'en vont tous dans le pays des noirs
Dieu! Fais que les jours s'écoulent vite
Car nos rues sont devenues désertes
Femmes, portez le deuil, ne vous faites plus belles
6. Autre témoignage sur Si Mohand
(Extrait de Boulifa, Méthode de langue kabyle. Cours de deuxième
année, Alger, 1913 ; texte transcrit et traduit par Madeleine Allain
in Scènes de vie agricole, FDB n° 123, 1974)
(Yidir) - Yekkr imiren si muíend u míend, ijebd-ed asebsi
n elkif, i²emm¨-it, ice²l-it, yuàal igr-ed nnehta
yendeh àen ñellaí akken ellan, yenna-y-as :
(a) aseggwas-agi muhab
ay d-iàu¨¨ si ccbab
wid yeà¨an di lmeddersa.
Kul lferma beddn-as al-lbab
aqbayli d we²¨ab
e¨wan lexnazer taña/
yak ab²e cedhan-t leíbab
yemma-s tesseísab
àef mkul i anda yensa.
Ikemml-as :
(b) elqe¨n-a yebda s elqe¨ñ
yeÞÞa-y-aà ne¨xeñ
d aymi la tihhin fell-aà.
Ass-nni mi llià d elfa¨es
usià-d netwannes
aas bbwid ssíefeà.
Tura imi tagwni te²kes
íedd ma d as-eníess
lmeína iqedd¨ a -kemmleà.
(c) Recdeà-k a lfahem íesses
deg lehdu¨ keyyes
lehlak-iw íedd ma d as-t-emleà
ddunit yeñ²eb lamr-is
wi rebíen yeníes
xilla bbwidak ssneà.
Ab²e tesse©©-as times
deg lerbaí yuyes
s àu¨ ¨ebbi ay as-d-def¨eà.
ccix - ad fell-ak ye²fu ¨ebbi ye²fu i win i ten-yessefran.
A kn-ig ¨ebbi n at elÞennet. D akka ay d isefra. Mkul awal s
uzal-is. Mennaà di sidi ¨ebbi awifan ad emlileà yid-es,
a t-íelleà ad yeqqim yid-i xe¨ñum yibbwass neà
yumayen ad leíqeà seg mi-s kra bbwid-nni akken ime²nen,
a ten-neqleà, a ten-wexx¨eà àef tektabt.
- anda ara yili wi t-yafen weícayci, uåawali lhemm ? ulamma
temlale yid-es, e²ni tenwi yezmer ad yeqqim deg yiwen
wemkan ? ass-a at-tesle yi-s da, azekka dihin. Akkn ara yawe
àer walbe²d imukan, ad yexze¨ : ma yella ur as-tehwi
ara, xas ekkes gzem aqe¨¨u-y-is iwakkn ad yeqqim yid-ek, ur yeàimi
ara. Ula -addart deg mazal yemma-s tedder, -axait
ar d-yenulfu. Ad yeqqim aseggwas, ²amayen, a d-yas àer tmurt
; ad yekk aggur, sin ; umbe²d ad i¨uí, ad iàewwe¨
ur yeå¨i íedd sani. Ass-a ad ak-inin ha-t deg tizi uzzu,
ass-a dg elzayer, ass-a dg ebgayet, ass waye at-tesle yi-s
deg ²annaba neà deg tunes. Ama dagi, ama deg temdinin, lwe²d-is
yeàli ài¨ di tmeícaycit. Efk-as ezzhu d elkif,
yeÞÞa-y-ak akw ayen-nnien. Isefra-s awin
àir àf ezzna d elmeína. Yebda zzhu segw asmi yella
d ameåyan. Yetbe² le²ceq armi t-yessawe àel-lqa²a
; yedder armi ula -anezduàt deg tezdeà tamàa¨t
ggemma-s, d medden ay as--yefkan. Ma yella d nea atan
yehe¨ yeffeà d amsaí ; tizi teak-it
i taye.
Qebl ad yemmet baba-s, yella yes²a ; ad yeímed ¨ebbi ;
yeà¨a ula d leqw¨an ; segw asmi yemmut àer da, kra
din ye©©a-t yeàåe¨. Ayn akw i s-d-yeÞÞa
baba-s yenza ama -aneqqact ama d a²e¨qub ; ula -ibíirt
deg tella txeddem yemma-s lxe¨a, tedda. D aymi deg-gsefrass
yessawa ala imei. D nea ay as-yennan :
(d)ata wul-iw yeemhebba¨
si lkif d lexma¨
ay efkià lebài i lxa¨-iw.
Usià-d aql-i d aeyya¨
a lfahmin leí¨a¨
eíià-d d aà¨ib deg tmurt-iw.
Asmi llià be²deà la q¨a¨
ur ebbwià làa¨
tura yenguga wul-iw.
(e)Allah ke©© d a¨eååaq
yessidiren ineqq
kul yiwen i²ac deg tmurt-is.
Albe² tefki-as le¨åaq
kul lÞiha ixe¨¨eq
tasekkurt degw exxam-is.
Albe² terri- i lemcaq
d ezzel u le²ceq
yusa-d d làayeb, a ¨¨ay-is.
(f)Recdeà-k a lfahem íeqqeq
yeñ²eb elfiraq
di líayat qebl elmu-is.
Tuzyint àef neu²ewweq
s e¨afa teídeq
dehceà mi d-beggn iman-is.
Wi -yes²an llah a t-ye¨åeq
fiíel ma isewweq
di lerbaí yezga umur-is.
Alors Si Mhand ou Mhand tira sa pipe de kif, la remplit, l'alluma. Poussant
un soupir et invoquant tous les saints, il récita :
(a) Cette année inspire beaucoup de craintes ;
Que de beaux jeunes gens elle pousse aux aventures,
De ceux-là même qui sont sortis des médersas !
A la recherche du travail, chaque ferme était visitée ;
Ils y étaient tous : Arabes et Kabyles ;
De leur triste situation, les porcs s'en réjouissaient
Cependant, chacun est attendu et désiré par ses amis.
Sa mère, pensant et comptant les jours,
Se demande où son fils peut avoir passé la nuit.
Et il poursuivit :
(b) Ce siècle commence par nous viser,
Il nous avilit et nous rend sans valeur,
C'est pourquoi l'on me raille et me méprise
Autrefois, quand j'étais fin cavalier,
Recherché, j'avais de la société,
Nombreux étaient ceux dont l'éducation fut faite par moi.
Maintenant que les événements ont changé,
Je n'écouterai et ne suivrai personne ;
Quant à cette épreuve, il me faut la subir jusqu'au bout.
(c) Je te supplie, ô censé, de m'écouter :
Sois sobre et pondéré dans tes paroles,
Des causes de mon mal, je n'enferai part à personne.
La vie a des exigences et des caprices très durs :
Celui qui est favorisé par elle, devient aussitôt égoïste,
J'en connais beaucoup qui sont dans ce cas.
Certains sont martyrisés, torturés par elle,
Sur ses douceurs et joies, ils n'ont aucun espoir,
Et de leur état malheureux, Dieu seul en est l'auteur.
- Merci à vous et merci à celui qui les a composés
! dieu vous mette parmi les gens du paradis !
Ce sont des poèmes ! Chaque mot à sa valeur ! Je souhaite
que Dieu me fasse rencontrer leur auteur ; je le supplierais de rester
avec moi au moins un ou deux jours et je recueillerais de sa bouche quelques-unes
de ces paroles pleines de sens ; je les consignerais dans un livre.
- Qui pourrait le trouver ce drogué, ce traîne-misère
? Même si tu le rencontres, crois-tu qu'il est capable de rester
dans cet endroit ?
Aujourd'hui tu entends dire qu'il est ici, demain là-bas. Dès
qu'il arrive quelque part, il regarde : si tu ne lui plais pas, tu pourrais
lui couper la tête pour qu'il reste avec toi, il ne restera pas.
Même dans le village où sa mère vit encore, c'est
rare qu'il paraisse. Il reste absent un an ou deux, puis revient au pays.
Il y passe un ou deux mois, puis repart vadrouiller nul ne sait où.
Aujourd'hui on te dira qu'il est à Tizi Ouzou, demain à
Alger, une autre fois à Béjaia ; un autre jour tu entendras
dire qu'il est à Annaba ou à Tunis.
Ici comme dans les villes, sa passion n'est que pour le chanvre indien
(hachich). Donne-lui des femmes et de la drogue, il laissera tout le reste.
Ses poèmes sont tous sur l'amour et la misère. Il a commencé
à s'amuser depuis sa jeunesse ; il a suivi sa passion jusqu'à
ce qu'elle l'ait entraîné à terre. Il en est arrivé
à ce que même l'habitation où vivait sa vieille mère,
il a fallu que ce soient des étrangers qui la lui donnent.
Quant à lui, c'est bien connu, il est devenu vagabond, il court
de colline en colline.
Avant la mort de son père, il avait des biens et ne manquait de
rien ; il a même étudié le Coran. Depuis la mort de
son père, le torrent a tout emporté ; tout son héritage
a été vendu, parcelle de terrain ou champ ; même le
petit jardin où sa mère faisait des légumes est parti.
C'est pourquoi dans ses poèmes il ne fait que pleurer. C'est lui
qui a dit :
(d) Voici que mon coeur est tout agité
Etant grisé de kif et de boisson.
J'ai trop donné libre élan à mes caprices.
Je suis ici, abandonné et repoussé de tous ;
O gens censés et nobles
Je me trouve comme étranger, même dans mon pays.
Quand j'ai été loin et sans nouvelles,
Je n'y ai jamais eu de reproche ni d'affront ;
Tandis qu'ici mon coeur en est ébranlé.
(e) O Dieu, toi qui est celui qui comble et favorise
Celui qui fait vivre et fait mourir !
Chacun vit dans son pays.
A l'un, tu as donné des richesses,
De chaque côté, il ne fait que prospérer ;
Une perdrix égaie sa maison. (Une jolie femme)
L'autre, tu l'as livré aux aventures,
A la misère et à l'amour ;
Il se trouve rélégué ici-bas (ô homme censé
!)
(f) Je m'adresse à toi, ô censé ; écoute-moi
et réfléchis :
Il est pénible de se séparer
Dans cette vie, avant que la mort ne nous frappe.
La belle pour laquelle j'ai tant souffert,
Est de bonne éducation et de grande intelligence.
J'ai été bouleversé d'émotion lorsqu'elle
m'a apparu.
Quiconque la possédera, sera favorisé de Dieu.
Il n'aura pas d'inquiétudes sur sa vie matérielle ;
Dans les biens, sa part lui sera toujours réservée .
7. Cheikh Mohand Ou Lhoussine
L'intendant indélicat.
Yella yiwen, d axuni n Ccix Muíend, yerra-t d amebbe¨,
d nea i sen-yeaken lqut i lexwan. Yuàal
yeàwa-t ccian: yuker tacriít. Ccix Muíend,
iwerra-yas Ûebbi, di lbana yeå¨a-t. Yenna-yas:
- Ifukk weksum? Tefki a i medden? Ma ulac a²eggal n zzayed.
Yenna-yas winna :
- An²am a ©cix, ayen yellan, fkià-asent a. Ccix
Muíend ye""i-yaz-d asefru:
Te¨a- yid-k, ay ul-iw,
Am-in ye¨ebin ifker.
Iàes, la t-id yessen²at,
Aksum, iàebba-t, yeffer.
Ay ul yealaben snat,
ëader lkerc ad ak-yekker.
Axuni ifhem : yessuter-as ssmaí, yenna-yas :
U b Lleh i kk-uzenà, a i¨,
Qqen deg ifer-ik, ²elli:
Aa-ik àu¨ Ccix Muíend,
Bu leklam åiden am udi.
Anda cceà, ad i tqile,
U limmer i wudem ¨ Ûebbi.
Yenna-yas Ccix :
- Ûuí, ay amessas : qaleà-k, a k-iàei
Ûebbi g giseà.
Il y avait un homme, affilié de Chikh Mohend, dont celui-ci aurait
fait un intendant. C'est lui qui distribuait la nourriture aux confrères.
Le diable un jour le tenta, il déroba de la viande. Chikh Mohand,
divinement informé, le sut:
- Il n'y a plus de viande, lui demanda-t-il. Tu en as donné à
tout le monde. N'aurais-tu pas une part de reste ?
- Pour vous servir, maître, répondit- l'autre, tout ce qu'il
y avait, je l'ai donné.
Chikh Mohand répliqua par ces vers :
Il t'arrive, mon cur,
Ce qu'il advient à celui qui élève une tortue
L'os, elle le montre,
La viande, elle la cache soigneusement.
Toi, qui poursuis deux buts,
Surveille ta gourmandise: elle te perdra.
L' akhouni comprit, il lui demanda pardon:
Au nom d Allah, je t'envoie, oiseau,
Prends ton envol vers les hauteurs.
Ton but soit Chikh Mohand,
Aux paroles douces comme le beurre frais.
Si j'ai fauté, tu me pardonneras
Ne serait-ce que pour l'amour de Dieu.
- Va, pauvre niais, dit le Chikh : je te pardonne. Que Dieu te couvre
de sa protection.
Diversité
Aas ixuniyen i d-ye¨uíun di mkul tamurt àu¨
Ccià Muíend.
àimin kra bbussan, at zu¨en,
ad slen i lem²ani d lehdu¨-is. Nea, ccix, iwerra-yas
Ûebbi ur ²dilen ara lexwan. Llan deg-sen igad yelhan, llan
agad deg-sen ileííun yir tikli. Yi""ass, ye""i-yasen
asefru :
Sebían Lleh l²aim
Ixelqen ass-a s yielli.
ñbeí, ice¨eq-d yiij,
Tameddit, d leímali.
Lexwan am tjujtin:
Wa ye²me¨, wa d lxali.
Yella din yiwen uxuni yefhem licwa¨, yerra-yaz-d i Ccix asefru :
L²esslama-k, a Ccix-iw :
Neía-d d inebgi yensan.
Líubb-ik yers-d àe¨ wul-iw :
Ikcem-iyi ger le²am.
Yum líisab at tili :
Wi llan d cc¨if a d-iban
Beaucoup de khouans venaient de partout voir Chikh Mohand. Ils restaient
quelques jours, en visite pieuse, recueillant ses paraboles et ses sentences.
Mais lui, il percevait d'une façon surnaturelle les différences
d'esprit et d'intentions. Il y avait des âmes droites et des conduites
douteuses. Un jour, il leur dit en vers:
Louanges à Dieu Très haut,
Qui crée le jour d'aujourd'hui et celui d'hier.
Le matin, le soleil se lève,
Le soir, ce sont des trombes d'eau.
Les confrères sont comme des noix,
L'un représente une valeur, l'autre est creux.
Un des assistants, qui comprenait les insinuations du Chikh, répondit
:
La paix soit sur toi, mon maître,
Je suis venu comme hôte d'un soir.
Ton amour a pénétré mon cur,
Il s'infiltre dans tous mes membres.
Tu seras là, au dernier jour,
Qui est vraiment noble, on le verra.
Autre anecdote
Yi""ass, tella yiwet tmeut t¨uí-d a d-zu¨
Ccix, te""i mmi-s d amejuí. Aqcic-nni yemmaååe,
yekkes-d take¨must, ye©©a-. Teffeà-it-id deg
qe¨¨u. Mi te""e yemma-s àu¨ Ccix, yenna-yas
:
- A tamessast, dacu kem-id ye""in akka ? Tenna-yas :
An²am, a Ccix, ttej¨a l leílu,
Mmi yekkes-d takermust,
Teffeà-it-id deg qe¨¨u :
Accix, di le²naya-k,
Æelbeà deg-k le²fu.
Yesself-as Ccix i mmi-s, tedda-d tkermust deg fus-is, tekkes-d, yeíla
weqcic. Mi si qqimen kra l le²wam ad yemmet Ccix Muíend, yefka
rií i làaci ad ©©en di ¨¨ezq-is,
yenna-yas: ur nfi²eà iman-iw, ur nfi²eà zzeya¨-iw.
Xas i²emmed, yeqqim-d ukukru i làaci ar assa.
Un jour, une femme vint en pèlerinage chez le chikh. Elle amenait
avec elle son fils, un jeune garçon qui, tout à son aise,
cueillit une figue de barbarie, qu'il mangea. Elle lui ressortit sous
forme de tumeur sur la tête.
Quand la mère arriva près du chikh, celui-ci lui demanda
:
- Qu'est ce qui t'amène, pauvre tête ?
Elle répondit :
Maître, arbre aux fruits savoureux,
Mon fils a cueilli une figue de barbarie
Qui lui est ressortie dans la tête.
Maître, je t'en supplie,
J'implore de toi le pardon.
Le chikh caressa l'enfant, la figue vint dans sa main. Le petit était
guéri.
Quelque temps avant sa mort, le chikh Mohand donna l'autorisation de manger
des fruits sur ses arbres. Je n'en ai pas tiré profit pour moi-même,
dit-il, et je n'en ai pas fait profiter mes visiteurs. Malgré cette
permission, la crainte de toucher à ses fruits s'est maintenue
jusqu'aujourd'hui.
Un visiteur de marque
Si Míend u Míend, mi mechu¨ yisem-is, i¨uí
àu¨ Ccix izu¨-it-id. Akken ye""e, yeqqim
de b¨aí, la ytess ddean. Nnan-as lexwan
:
- Ccix ur iíemmel ara ddean.
Akken d yesla Ccix i wawal n ddean, yeffeà-d, yesteqsa
:
- Anwa wahin?
I²eqel-it-d Si MuHend u Míend, yenna-yasen i lexwan-is:
- Anefet-as: nea am ccman difir: s wabbu ig leííu!
Yenna-yas Si Míend u Míend :
A Ccix Muíend welíusin,
Nusa-d a k-nissin :
Kkes-aà degg ul lài.
A lbaz izedàen leísin
Iíubb-ik weínin.
ªa¨iÞa-s íedd ur -ye""i.
I wemñafe¨ tgem-as a²win,
Si Tizi akin :
Tamurt at beddel wiyi.
Yenna-yas Ccix :
- ³iwed-az-d. Yenna-yas Si Míend :
- Nekkini ur ²awadeà ara i wayen d-nnià. Yenna-yas
Ccix :
- Ak-ineà Ûebbi d aà¨ib. Yenna-yas Si Muíend
:
- De sqif n at Sidi S²²id, ncallah!
Si Mohand ou Mohand dont le nom est bien connu, vint faire visite à
Chikh Mohand ou Lhoussine. A son arrivée, il attendit dans la cour,
en fumant.
- Le maître n'aime pas le tabac, lui dirent les Confrères.
Entendant parler de tabac, le Chikh sortit et demanda:
- Qui est clui-là.
Il reconnut Si Mohand :
- Laissez, dit-il, il est comme la locomotive: il marche à la vapeur.
Si Mohand dit :
Maître Mohand Ou Lhoussine,
Je viens pour que nous fassions connaissance.
Ote de mon cur le souci.
Aigle habitant les lieux saints,
Le Miséricordieux t'aime.
Sa sublimité, personne ne l'a atteinte.
Pour le voyageur, préparez un viatique;
Depuis Tizi et au-delà,
Le pays va changer de propriétaires.
- Veux-tu répéter ? demanda le Chikh.
- Je ne répète jamais ce que j'ai dit, dit Si Mohand.
- Que Dieu te fasse mourir étranger en terre étrangère!
- A "Asqif de Sidi Saïd", s'il plaît à Dieu.
I¨uí yiwen wergaz ad izu¨ Ccix Muíend. Yeqqim nea
d zzeyya¨. Mi g kker Ccix ad iwet ad i²eddi, yenna-yas:
-An²am, a Ccix, ÞÞià gma de xxam d
amiin.
Ccix i²edda telt me¨¨at amzun ur yesli ara. Yuàal
yebded, yeneq àe¨ zzeyya¨, yenna-yasen:
- Wi iyi-d-yennan awal agi: Þþià gma de
xxam d amuin? Yenna-yas winna:
- An²am, a Ccix, d nekk.
Ccix Muíend i¨uí s axxam-is, ye¨qa-yas cwi
l lqehwa d sse¨, yenna-yas:
Awi-yas-ten i gma-k:
Ma ur d-ye""i ara nnuba n ssfe¨,
Ddwa-s lqahwa d sse¨
Ma ye""e-d nnuba n ssfe¨,
I yawen-d ye""i, d ññbe¨.
Dàa yuàal winna, ye""i-yas i gma-s lqahwa d sse¨
i yas-ye¨qa Ccix, yesse""a-as-ten. Yefka-d Ûebbi tabburt,
yeíla.
Une anecdote
Un homme vint voir Chikh Mohand. Il se mêla aux autres pieux visiteurs.
Quand le Chikh vint à passer, il lui dit:
- Pour vous servir, Maître, j'ai laissé mon frère
malade à la maison.
Le Chikh passa trois fois sans paraître l'avoir entendu. Il s'arrêta
enfin et demanda aux visiteurs:
- Qui m'a dit: j'ai laissé mon frère malade à la
maison? L'homme répondit:
- Pour vous servir, Maître, c'est moi.
Chikh Mohand rentra chez lui, prépara selon formules secrètes
du café et du sucre:
-Porte cela à ton frère, dit-il.
S'il n'est pas arrivé à l'heure du grand voyage,
Son remède sera ce café sucré;
Si son tour du voyage est arrivé,
Ce qu'il lui faut, c'est la résignation.
L'homme rentra chez lui, emportant à son frère le café
et le sucre bénit par le Chikh, il les lui fit chauffer. Dieu lui
accorda la guérison.
Encore une autre
Yi""ass, Ccix Muíend i¨uí ar ssuq. Yenna-yas
yiwen:
- An²am, a Ccix, a yi-teå¨e tayuga: ""ià--id
a -zzenzeà, yiwen deg-sen ur kerrez ara. Yya, a yi-t-twali.
Yenna-yas:
- Yirbeí.
Yedda-d yid-s anida tella tyuga. Yenna-yas:
- Ata: wali-t.
Ccix Muíend la s yeslufuy, ihedde¨-as:
Tayuga d-uàen at Tizi n terga:
""in-kem-id ad kerzen yiss-m tieååa
Ma tugi, a kem-nefk i wakli:
A kem-i²elleq di tweza.
Azger-nni yerugmet. Neh¨en-t s axxam nea d gma-s. Azekka-nni,
ikerrez kte¨ n zik.
Un jour, Chikh Mohand alla au marché. Un homme lui dit:
- Sauf votre respect, Maître, venez m'examiner une paire de bufs
que j'ai amenés pour les vendre; l'un ne sera jamais bon au labour,
venez le voir.
- Volontiers, répondit le Chikh.
Il alla avec l'homme à l'endroit où se trouvaient les deux
bêtes.
- C'est celui-ci, dit l'homme, regarde.
Chikh Mohand caressa un moment le buf, et il dit:
Paire qu'ont achetée les gens de Tizi n Terga,
Et emmenée pour labourer les champs en bas de côtes,
Si tu refuses le travail, je te donne au boucher:
Il te pendra par les pattes.
Le buf en question poussa un mugissement. On le ramena à
la maison, avec l'autre. Le lendemain, il labourait mieux qu'il n'avait
jamais fait.
Une avant-dernière
Dduklent tlawin ttarba² àu¨ ccix Muíend. Tedda
yiwet deg-sent ur zeddigt ara.
Akken ""ent àu¨ ccix, qqiment ad zu¨ent.
Mi fukkent zzya¨a, fkant lwe²da. Yeef ula d lwe²da
n tmeut-nni ur nzeddig ara; ccix, iwerra-yas Ûebbi tameut-nni
dacu-. Lame²na, lwe²da-s, yeef-i.
Akken d fàent, la cbecbucent m ""ay ger-asent, la s-qqa¨ent
:
- ³eddi tura! Ula d lwe²da n tagi, yeef-i!
Ccix Muíend yefhem dacu la hedd¨ent tulawin ger-asent. Iqubel-itent
s usefru, yenna-yas:
uba n tulawin :
Am tala deg tit waman.
Adrim-nsent d asekkak :
Ur yeunefka d ddeyyam.
Ccix ur yeqqa¨ ala :
Win d yusan, ata wexxam.
Des femmes vinrent en groupe voir Chikh Mohand. Une femme de mauvaise
réputation se joignit à elles. Arrivées chez le Chikh,
elles firent tranquillement leur visite pieuse et, quand elles eurent
fin, déposèrent leurs offrandes. Le Chikh accepta l'offrande
de cette femme de murs douteuses comme celle des autres. Dieu lui
avait révélé ce qu'elle était. Il accepta,
néanmoins, son obole. Quand elles furent parties, les femmes chuchotaient:
- Il ne manquait plus que ça, disaient elles, même l'offrande
de celle là il l'accepte !
Chikh Mohand comprit ce qu'elles disaient, il leur répondit par
ces vers:
Piété des femmes
Une fontaine où l'eau abonde.
Leur argent, de la fausse monnaie,
On ne saurait y attachait de valeur.
Le Chikh ne dit jamais non,
A tous ceux qui viennent, la maison est ouverte
Une dernière
Llant snat tlawin. Yiwet tes²a a²e¨qub uzemmur, tjemme²-d
zzit. Taye tes²a tafunast, tessenduy, ttekkes-d tiwurac bbudi.
De akken ur testeqna² ara s wayla-s, txeddem iíeckulen
i tiden yessenduyen i wakken a sent-d-kkes udi.
Yi""ass, dduklent i snat àu¨ ccix. Tin yes²an
azemmur, te""i-yas líila n zzit; tin yes²an tafunast
te""i-yas aqbuc bbudi.
Akken ""ent, ufant ccix de sqif. Tin ye""in
zzit, yenna-yas:
- Ûuí s axxam inna, smir-i.
Tin ye""in udi, yenna-yas :
- Sers-it de sqif.
Teser-it. Yuàal yesteqsa-, yenna-yas :
- Amek i s-teqqa¨e mi ara tessenduye ? Tenna-yas :
- Akken i s-qaa¨en medden. Yenna-yas:
- Ur skiddib ara, ini-d kan amek i s-teqqa¨e. Tenna-yas:
- Qq¨eà-as: a taxsayt-inu, duí duí :
Teffal i wa²¨ab ""ecluí,
Anda yella yiài d wudi :
Tafunst-iw a àe¨-s d-i¨uí.
Yenna-yas :
-Ma©©i akka agi ara teqqa¨e, qqa¨-as :
A taxsayt-inu, duí duí
Akken t¨uíe i Ûebbi, ar d am-d-i¨uí.
Tin ye""in zzit, yefka-yas lefwaeí yelhan ; tin
ye""in udi, yenna-yas :
- Ddem udi-m t¨uíe.
Uàalent armi d abrid. Tinna i tekksen udi i tiya teàli
meneq, temmut. Ccix Muíend ik¨a win ixeddmen ayen ur
nlaq ara. Lame²na, win ara t-ixedmen s timmeàbent d laå,
ye²emmim allen-is. Akken i s-d-yefka Ûebbi tam²ict-is.
Il eut deux femmes, dont l'une possédait un champ d'oliviers et
récoltait de l'huile. L'autre avait une vache, elle écrémait
le lait pour retirer des boulettes de beurre. Comme elle ne se contentait
pas de ce qu'elle avait, elle pratiquait des sorcelleries contre celles
qui faisaient du beurre pour les frustrer de leur industrie.
Un jour, elles allèrent toutes les deux chez le Chikh. Celle qui
avait des oliviers apportait un récipient d'huile; celle qui avait
une vache apportait un pot de beurre. Quand elles arrivèrent, elles
trouvèrent le Chikh à l'entrée. A celle qui apportait
de l'huile, il dit :
- Va là-bas, la verser.
A celle qui avait apporté du beurre:
- Pose le, dit-il, ici, dans le passage.
Elle le déposa, et il lui demanda :
- Qu'est-ce que tu dis quand tu bats ton beurre ?
- Ce que tout le monde dit, répondit elle.
- Ne mens pas, dit-il, dis-moi ce que tu dis
Je dis : Ma calebasse à moi, balance-toi, balance-toi.
Elle passe par les arabes des tentes,
Où il y a du petit-lait, du beurre,
Ma vache, que cela vienne vers elle.
- Il ne faut plus, dit-il, dire cela, dis :
Ma calebasse à moi, balance toi, balance toi,
Comme tu es perdue pour Dieu, qu'Il se perde pour toi.
A celle qui avait apporté de l'huile, il fit des promesses encourageantes,
à celle qui avait apporté le beurre il dit :
- Reprends ta marchandise, va.
Elles venaient de reprendre la route quand celle qui supprimait par maléfices
le beurre des autres tomba, tout d'un coup, morte.
Chikh Mohand avait en horreur ceux qui faisaient le mal. Cependant, pour
ceux qui agissaient, poussés par la nécessité, la
faim, il fermait les yeux. C'est ainsi que Dieu lui avait fixé
ses moyens de vivre.
Encore une autre
Tella yiwet tmeut tes²a aqcic tteqcict. Yeíkem
Ûebbi ff rgaz-is yemmut. Ilewsan-is ugin a -rren. Neat
tes²a arraw-is, ur tebài ara at teqqim m bài¨ tacacit.
Ûuíen àu¨ ccix Muíend. ëkan-az-d akken
tella tmeut n gma-tsen. Ccix ur asen-d-yerri ara awal. Yeneq
s axuni-s, yenna-yas:
- Rfed zià tabla-inna.
Nea yekker a -yerfed, ur s-yezmir ara. Iqebl-d ccix
àe¨-sen, yewt-iten-id s licwa¨, yenna-yasen:
Ibawen iqu¨anen azzgen,
Tameut tebàa ixxamen medden ;
Arraw-is ur uklalen ara ad ggujlen ;
At tuàal l lebài ¨ Ûebbi: d nea akka
i tiraden.
Tefhem tmeut-nni ur s-yefki ara ccix licwa¨ n rrbeí
: te¨¨ec acebbub-is, teqqim f arraw-is.
Une femme avait un garçon et une fille. Son mari vint à
mourir. Ses beaux frères refusèrent de la reprendre. Malgré
ses enfants, elle ne voulait pas rester sans mari.
Ils allèrent exposer au Chikh Mohand la situation de leur belle
sur. Il ne répondit rien mais dit à l'un de ses confères
:
- Va donc soulever cette dalle, là-bas.
Il y alla, essaya de soulever la pierre, en vain. Se tournant vers ces
gens et parlant par parabole, il leur dit:
Les fèves sèches, on les tromper,
La femme veut se remarier,
Ses enfants ne méritent pas de rester orphelins,
Elle se conformera au vouloir de Dieu
C'est Lui qui l'a voulu ainsi.
La femme comprit que le Chikh ne lui laissait pas espérer une solution
heureuse. Elle fit couper ses cheveux et se consacra à ses enfants.
Une dernière
Ula d Ûeman, ala ayen d ife¨¨e Sidi Ûebbi
ig weññi ccix Muíend. Yeai
win ara izeggden. Win ara s yuåumen nnig wayla-s yeusmma
taeffa¨t.
Ûuíen-d lexwan àu¨ ccix Muíend. Akken ""en
àu¨-s, inebbeh f txeddamin-is, yenna-yasent:
- Awimt- ta¨but n sesu i lexwan agi i d-yusan, ad fet¨en:
Ââuåen.
Qe¨¨eben ad ©©en ya, íaca yiwen ur nqe¨¨eb
ara. Yenna-yas ccix Muíend:
- Acimi ur tqe¨¨be ara ke©©ini at te©©e?
³ni ur telluåe ara? Yenna-yas winna:
- An²am, a ccix, uåameà. Yenna-yas ccix Muíend:
- Dacu tuåame. Yenna-yas uxuni-nni :
- An²am, a ccix, uåameà ad seddeqeà i Ûebbi.
Yenna-yas ccix Muíend :
- Ay amessas, ur yeeddiq íedd laå i Ûebbi.
Sedeq ¨¨eåq d win i k-inef²en. Ma d Ûemaan,
ala aggur ig Þuzen. Qeddem at te©©e.
Iqeddem-d winna, ye©©a.
Quant au jeûne, Chikh Mohand n'exigeait pas plus que l'observation
du commandement divin. Il interdisait d'y ajouter, Disant que faire plus
était à considérer comme une impiété.
Des confrères étaient venus le voir. A leur arrivée,
il appela ses servantes:
- Vite leur dit-il, apportez un plat de couscous à ces Confrères
qui viennent d'arriver, il faut qu'ils déjeunent, ils doivent avoir
faim.
Ils s'approchèrent du plat pour manger, sauf un. Chikh Mohand lui
demanda :
- Pourquoi ne vas-tu pas manger avec les autres? Tu n'as donc pas faim.
- S'il vous plaît, Maître, répondit-il, je jeûne.
- Et pourquoi jeûnes-tu, Maître, je veux faire aumône
à Dieu.
- Pauvre prétentieux, dit le Chikh, on ne fait pas à Dieu
cadeau de sa faim. Donne de tes biens. Cela sert à quelque chose.
Pour ce qui est du jeûne, un seul mois est valable, viens manger.
L'homme s'approcha et mangea.
8. Deux autres pièces
Win ye""allan yeeddiq
Ad yefk tamellalt i ezwiq
A -in yaf di teni n ddiq.
Celui qui prie, fait l'aumône
Et ajoute un uf aux jours de fête
Trouvera son compte dans la difficulté.
Ur yenfi² win ye©©an,
Ur yenfi² wi d yeÞÞan,
Ig nef²en d win yefkan,
Ufan-t-in yezwer s amkan.
A quoi sert ce que l'on a mangé ?
A quoi bon ce que l'on a laissé ?
Seul est utile ce que l'on a donné:
On le retrouvera de l'autre côté.
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