Poésies d'auteurs contemporains


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1. Si Mohand Ou Mhand (traductions Boulifa).
2. Lhousine de 'Adni (traductions Boulifa).
3. Muhend-Saïd Oubelhiret (traductions Boulifa).
4. Larbi Oul-Braham (traductions Boulifa).
5. Muhend Saâid Ahawach (traductions Boulifa).
6. Autre témoignage sur Si Mohand (Boulifa, Alger, 1913 ; texte transcrit et traduit par Madeleine Allain, FDB n°123, 1974).
7. Cheikh Mohand Ou Lhoussine (FDB n° 96, 1967).
8. Deux autres pièces (FDB n° 91, 1966, p. 18).

 

1. Si Mohand Ou Mhand

1.

Tikkelt a ad heÞÞià asefru
W'²al Llah ad ilhu
Ad inadi deg lweŸyat

Wi t-islan ar da t-yaru
Ur as uderru
W'illan d lfahem yeå¨a-t

Aníell Ûebbi a tent-ihdu
½ur-s ay nda²u
Ad ba²dent adrim nefka-t

Cette fois-ci, je vais composer un poème
Plaise à Dieu qu'il soit bon
Poème qui se répandra dans les vallées et les plaines

Quiconque l'aura entendu l'écrira
Et ne voudra jamais l'oublier
Car celui qui est intelligent, le comprendra

Je prie Dieu de les décider de les inspirer
C'est à lui que nous adressons nos prières
Pour qu'elles s'éloignent de moi, ma fortune est épuisée.

2.

Ziàen la²ceq yemxallaf
If¨¨eq d leñnaf
Kulwa d akken yetmeííen

Ab²aŸ izehhu s letaf
D zzeh¨-is yulaf
Iqqim ne„„a d wi ²zizen

D ab²aŸ meskin ha-t iníaf
D ay-gebàa ur i „„af
S lehlak-is d Ûebbi a g²almen


Je vois certes, que l'amour est une chose variable
Il se présente sous différentes formes
Chacun a son genre de passion.

L'un se livre aux plaisirs, grâce à ses influences
Dans le bonheur, son sort s'est accoutumé
Heureux, il demeure près de sa bien-aimée

L'autre qui n'est qu'un pauvre déshérité
Ne peut avoir ce dont il a envie
De son mal, Dieu seul a connaissance

3.

Ata l²aqel-iw yesleb
D lmeína-w teñ²ab
S²ià l²ib neímmeq

F tuzyint nugi anjaneb
D ¨¨ay yeddebdeb
G líal nezga-d n²awweq

I¨taí wi ur nje¨¨eb
Lef¨aq ay-ges²zb
D wi ²zizen s la²ceq


Voici que ma raison s'égare
La cause de mon état malheureux est compliqué
J'ai le défaut d'être impatient, emporté

De la belle je ne peux et ne veux m'éloigner
Ma volonté devient indécise
De cette situation, je me trouve embarrassé

Heureux celui qui n'a jamais éprouvé
Que la séparation est dure et pénible
De ce qui vous est si cher


4.

D lqul-iw yedda àef lmim
Af lall n webzim
Amm tec¨aŸ seddu zzenda

Asmi llià d aíbib-im
TeísebŸ-iyi am mmi-m
La²ceq tzad lemíiba

Tura mi t²awjeŸ udm-im
Teb¨iŸ i wallen-im
²ni ur am-hwià ara


Mon poème part au mim
Et parle de toi, ô belle aux agrafes
De toi! Qui as des tatouages sous les bras

Quand j'étais ton amant
Tu m'aimais autant que ton fils
Tu avais pour moi plus que de l'amour, de l'amitié

Maintenant que tu détournes de moi ton regard
Que tu baisses les yeux
Est-ce à dire que je ne te plais plus.


5.

Lfeñl-iw idda f lfa
Af terna lya
S llam w llif i„kemmil

D ddal ay d wis xemsa
Irna-d lam u lfa
S lya u nnun ye‚jemmil

Ac men ŸŸ¨afa
D lqed neà d ññifa
Anwa ur „-ne„íemmil


Le sujet de mon poème commence par fa
Auquel vient s'ajouter lia
Par lam et lif, se continue

C'est le dal qui est le cinquième
Suivi du lam et du fa
Par lia et noun il se complète

Quelle grâce! Quelle élégance
Quelle taille et quelle beauté
Quel est celui qui ne l'aimerait pas

7.

Ataya wul-iw inuÞ
Am lebíer ye„muÞ
½ef tin ²zizen fell-i

Dehbeyya isegmi l- lesluÞ
Igman deg lem¨uÞ
TezweÞ àer wedrer tuli

Mat-tura ¨¨eíl-is igguÞ
‚itbirt àef tt¨uÞ
TeÞÞa azniq d lxali


Voici que mon cœur s'agite
Comme une mer, il se tourmente
Au sujet de celle qui m'est si chère

Dahbia, tige d'asphodèle
S'est mariée! Vers la montagne elle est partie
Nous ayant quittés emmenant toute sa suite

Qui pousse et se développe dans les prairies
Elle, belle comme une colombe sur un trône
Toutes nos rues sont devenues tristes et désertes.


8.

Ataya wul-iw yetxeyyeq
½er daxel ifelleq
Micki ara „-id-ne„mekti

Ay agellid lxaleq
TefruŸ-aà s líeq
Ad aà-tiliŸ am²ani

½er-k a Ûebbi ay d-nxe¨¨eq
Sellek-aà n²awweq
Yak àur-k yeshel kulci


Voici que mon cœur s'impatiente et s'attriste,
Où c'est en dedans que sa blessure s'est produite
Toutes les fois que je pense à elle

O Roi! Le Créateur
Réconcilie-nous avec équité
Sois pour nous l'aide, le Pacificateur

C'est en Toi, ô mon Dieu, que j'espère
Délivre-moi de mes tourments
Car pour Toi tout est faisable.


9.

Ata wul-iw ye„ferfir
Awi i‹‹len d itbir
Ad zegreà lebíe¨ yi""as

Ar sut llebsa l-leírir
S ss¨aya d lÞir
Kulta nnum¨u deg lía¨a-s

Yak da ma cebbíent laíir
Idhe¨ wer yeffir
Zzhu n dagi damessas.


Voici que mon cœur tressaille et s'agite
Que je voudrais être pigeon
Je traverserais la mer un jour

Pour aller vers celles aux vêtements en soie
Et aux petits palais blanchis à la chaux
Chacune a son numéro dans la cour

Certes, ici, si elles se font belles, leur beauté me laisse froid
C'est une chose apparente et nullement cachée
Que l'amour d'ici est sans charme


10.

Ha-ten a‰ deg Leblida
Tarrawt l làerba
Di zznaqi la „íewwisen

Tissit nnsen di „„berna
D u©©i àef ‚‚abla
Tiqcicin a‰ ger-asen

Abrid l lÞame² ig²adda
Lmise¨ d d lme¨ña
½er Dehbeyya ay d „„sen


Ils sont tous à Blida
Les fils de l'exil
Dans les rues, ils se promènent

Leur boisson est dans les cafés-restaurants
Leur repas est servi sur des tables
Tous sont assistés de jolies filles

Par le chemin de Ldjem²a on s'éloigne
Lmiser est leur port de relâche
C'est pour Dehbia que l'on vient


11.

Sià i lbabu¨ isuà
Yendef wul „ruà
Ay ges²a lhiba lef¨aq

Mmer tella lekra ar d dduà
Nek id em ur be‚‚uà
Kulwa d anda i²aceq

Nek d wul-iw ay nennuà
ëed ma ard as-íkuà
Siwa agellid lxaleq


En entendant le mugissement du bateau
Blessé de nouveau au cœur, je me mis à pleurer
Combien la séparation inspire d'angoisse

Si j'avais le prix du passage je m'embarquerais
Car de toi, je ne saurais me séparer
Chacun a ses amours quelque part

La lutte entre mon cœur et moi
Je ne m'en suis plaint à personne
Si ce n'est à Toi, ô Roi, le Créateur


12.

Tasedda i¨²aden tuàwas
Zdat At ³abbas
Mi is-nnan medden ye¨íel

D mm timmi ta²kef am leqwas
Tamzurt ar ammas
Tbbucin-is d ifelfel

Melt-iyi anida lía¨a-s
Ard rzuà fell-as
Ma ²a¨qaà-as ad iyi-ta²qel


La lionne a rugi et tressailli
Devant tous les Béni Abbas
Lorsqu'on lui a appris mon départ

De celle, aux beaux sourcils arqués
Aux cheveux tombant jusqu'aux hanches
De celle, aux petits seins carminés

Que l'on me montre sa demeure
Afin que j'aille m'informer d'elle
Si oublié que je sois, elle saura bientôt me reconnaître


13.

A kem-in²al Ûebbi a lmut
Ur neÞÞi tamurt
Te""iŸ a gellan d l²ali

Am rgaz am tme‚‚ut
Wi yelhan immut
Iqqim wi illan d dduni

LeŒba¨ ""ià-t-id s „„but
A lfahemin cfut
Temmut teqcict tàaŸ-i


Que Dieu te maudisse, ô mort
Qui épargne aucun pays
Tu as fauché tout ce qui est de choix

Parmi les hommes, parmi le femmes
Tout ce qui est bon et beau, est par toi ravi
Il ne reste que ce qui est mauvais et laid

J'ai la certitude de ce que j'avance
O gens sensés vous vous en souviendrez
La belle enfant est morte, et j'en suis très affligé


14.

Temmut ta²zizt ur nemmåi¨
Lmut a te „„extir
Ûebbi iteddu deg nneqma

Ay akal ur „-tàeyyi¨
Mm la²yun n tti¨
Ta²fumt-as a lmuluka

D aåawali wer t teíqi¨
D yelli n lxi¨
Me¨íumet si lÞahennema


Elle est morte, la chère adorée sans nous revoir
La mort choisit
Dieu se mettant contre nous, la favorise

O terre, ne la profane pas
Elle est si belle, avec ses yeux de faucon
Pardonnez lui, ô anges

Un malheureux par elle, n'a pas été dédaigné
C'était une fille de bien
Qu'elle soit préservée de l'enfer

15.

Lemnam agi d bu tlufa
Urgaà Yamina
A„„aya mm udem imserri

Llebsa ines d lfuŸa
Agus d ssfifa
Taksumt-is d afilali

Ukià-d ur d ufià ara
Wteà deg tsummta
Fkià-„ i lwa²d ime‚‚i

Le songe est plein de méchancetés et de méfaits
J'ai vu en rêve Yamina
Venir vers moi avec son gracieux visage

Elle portait une fouta de soie écarlate
Et une ceinture de laie tressée
Sa chair était rose comme l'afilali

Je me suis réveillé et n'ai rien trouvé
Frappant et retombant sur l'oreiller
Je me suis livré aux larmes

16.

Nek id-m a tuzyint lef¨aq
½erreb neà ce¨¨aq
Lexdi²a seg-m ay d-kka

D afwad-iw fell-am yeí¨eq
D iàes iceqqeq
Líubb-iw seg-m iwekka

Yak tura yedhe¨ nef¨eq
Nezga-d n²awweq
Be‚‚u cubaà-t d aåekka


Nous devons, ô belle, nous séparer
Dirige-toi vers l'est ou l'ouest
La trahison est venue de toi

Pour toi, mon cœur, s'est consumé
Et l'os, atteint par le coup, s'est fendillé
Mon amour pour toi, est profond et inébranlable

Mais n'est-il pas évident que nous avons rompu
C'est ce qui m'inquiète et me tourmente
Car la séparation est pour moi, semblable à la tombe

17.

Ata wul-iw ye„„emíebba¨
Si lkif d leŒme¨
Ay fkià lebài i lxate¨-iw

Usià-d aql-i d ateyya¨
A lfahmin leí¨a¨
Ÿíià-d d aàrib deg tmurt-iw

Asmi llià ba²deà laq¨a¨
Ur ""ià l²a¨
Tura yenguga wul-iw


Voici mon cœur est tout agité
Etant grisé de kif et de boisson
J'ai trop donné libre élan à mes caprices

Je suis ici, abandonné et repoussé de tous
O gens sensés et nobles
Je me trouve comme étranger, même dans mon pays

Quand j'ai été loin et sans donner de mes nouvelles
Là je n'y ai jamais eu de reproche ni d'affront
Tandis qu'ici, mon cœur en est ébranlé

18.

Ulac wi illan d aseyyar
As-yawi leŒba¨
As-yefk lewÞab ufus-iw

Nemyussan asmi neqqa¨
Ma tecfa meqqa¨
Imiren t-taÞa¨e„„-iw

Tura teqsem i wbu²mma¨
Tusbiàt l-lecfa¨
Terna nnefñ deg lemíayen-iw


Y a-t-il un bon marcheur
Pour lui porter mes nouvelles
Et lui remettre la réponse écrite de ma main

Nous nous connaissons, quand nous allions en classe
Se le rappelle-t-elle au moins
A l'époque, elle était ma voisine

Maintenant, elle est destinée à un épervier
La belle, aux beaux cils noirs
Est la cause de la moitié de mes peines


19.

†ubían-k a Waíed l'aíed
DlwaÞab a k-neímed
TefkiŸ-d l‹udra nñebr-as

Zikenni mi zzhe¨ iñeggem-d
Lhaà d uÞewwed
Kul líe¨f s l²iba¨a-s

Tura imi ne„„axed
½ef leí¨am n²ammed
Ssneà abrid xŸià-as


Salut et Gloire à toi, l'unique, le Seul
Il est de notre devoir à tous, de t'adorer
Soumis, je subis l'épreuve que tu m'infligeas

Autrefois, favorisé et guidé par le sort
Je m'occupais à épeler, à réciter le Koran
Où chaque lettre se trouve avoir une fonction

Maintenant, pris par le vice
Je commets sciemment avec conscience, ce qui y est défendu
Je connais la bonne voie; et je m'en écarte


20.

Ata wul-iw iàemm-d
S ime‚‚i iíeml-d
½ef fayen i²eddan fell-as

Mi íkià i wedrar yenhed
Ul-iw inedf-d
³acqeà deg zzhu n tullas

Deg ixf-iw akka ag jerreb
D zzhe¨ ulaíed
Mennaà awi izhan yi""as


Voici que mon cœur, d'orage se charge
De larmes, il grossit et déborde
A cause de tout ce qu'il a enduré

Lorsque j'en fais part à la montagne, elle en tremble
La plaie de mon cœur se rouvre
Mon mal est d'être épris de l'amour des filles

C'est un mal qui m'est prédestiné
N'ayant jamais été favorisé par le sort
Je voudrais pouvoir un jour, goûter de cet amour


21.

A Lleh ke©© d a¨eååaq
Isidiren ineqq
Kul yiwen i²ac g tmurt-is

Alb²aŸ tefkiŸ-as le¨åaq
Kul lÞiha ixe¨¨eq
Tasekkurt deg gexxam-is

Alb²aŸ terri‚ i lemcaq
D ååel‚ u la²ceq
Yusa-d d làayeb ¨¨ay


O Dieu, Toi qui es celui qui comble et favorise
Celui qui fait vivre et fait mourir
Chacun vit dans son pays

A l'un, Tu as donné des richesses
De tout côté, il ne fait que prospérer
Une perdrix égaie sa maison

L'autre, tu l'as livré aux aventures
A la misère et à l'amour
Il se trouve relégué ici-bas ( ô homme sensé)

 

2. Líusin de 'Adni

109.

Lqul-iw idda àef lfa
I""i àef lmeína
D ¨¨ay-iw ijaíen

Kulci d lwa²d ay atma
Diri tiyita
D Ûebbi ay ge„raden

ßÞià tamurt m baba
³uc¨eà Sseíra
…„usemmaà seg menfiyen


Mon poème , qui rime en fa
Chante les peines et les misères du cœur
Il parle surtout de mon âme égarée

Tout est entre les mains du destin, ô frère
Me le reprocher serait mal
Car Dieu seul, par sa volonté, nous fait agir

J'ai abandonner ma patrie, celle de mon père
Habitué, acclimaté à la vie du Sahara
Je passe pour un exilé, un évadé


110.

Ad awen-íkuà ay atma
Ma a„íessem Þemla
Ma llan igad ifehmen

La²ceq la©©i d lbid²a
Yak si zik yella
Ma©©i ala nek a gselben

Ssbab-iw d Tabya
Titbirt l²alya
Neà tasedda ica²en


J'ai à vous faire connaître, ô mes frères
Si vous me promettez tous de m'écouter
Si parmi vous il en est qui puissent me comprendre

L'amour n'est nullement une innovation
N'existe-t-il pas depuis les temps les plus antiques
Je ne suis pas le seul à qui il a engendré la folie

La cause de mon état, c'est Tabia
Belle comme la colombe des palais
Ou la lionne rugissante et illustre


111.

Aba²Ÿ t²uzze‚ a Ûebbi
Hatat ye©©uli
Di tmurt ay geddunñeñ

Taíbibt-is ar „-i„wali
Kul yum g zznaqi
Izga lfe¨í deg ul ines

La©©i yiwen am nekkini
Buñaà di ssía¨i
Di tmurt l-lexwames


Certain, affectionné par Toi, ô Dieu
Est là-bas qui se dandine, ne cherchant qu'à briller
Dans le pays où il se pavane

A tout instant, il peut voir sa bonne amis
Parcourant chaque jour le village par toutes les rues
Son cœur est continuellement dans la joie

Il n'en est pas de même pour moi
Qui suis condamné au Sahara
Dans le pays des hérétiques


112.

Annaà a Sidi Ûebbi
…„¨eà-k a l²ali
Bdià ssqa d ameååyan

Teb²aà leqíab s umenni
L²aqel ur illi
…„uà leíbab d imawlen
Xems snin nek „„isselbi
Û¨ay lihudi
½ef Tabya ay ÞÞià axxam


Pitié, ô mon Dieu
C'est Toi que j'implore, ô Très Elevé
Tout jeune, je suis brisé de peines et de souffrances

Je m'étais plongé dans la passion des filles publiques
Je ne devais pas âtre en possession de ma raison
Jusqu'à oublier parents et amis

Pendant cinq ans, c'était une vraie folie
Par ta faute, ô âme exécrable et infecte
Qui, pour Tabia, m'a fait abandonner oublier les miens


113.

A Ben Dris tura be¨ka
Je¨¨beà lmeína
Ili-k seg ‡id ituben

Yak la²ceq bab-is yefna
D ime‚‚i dima
C²al nna¨ deg ulawen

Sàur Ûebbi i d yekka waya
Ur neksan ara
Nttu¨na d Itabiyen


C'est assez maintenant, ô Ben Dris
Tu es suffisamment éprouvé par les peines du cœur
Sois de ceux qui se soumettent à la volonté de Dieu

De l'amour, celui qui en est atteint est bientôt épuisé
Car chaque jour, ce sont des pleurs et des gémissements
Et un feu intérieur, allumé dans son cœur, le dévore

Notre état actuel nous a été infligé par Dieu
C'est malgré notre volonté
Si nous avons adopté la nationalité des Itabïen


114.

Atni Hed¨en-d la²wace¨
Yak ilha ufekke¨
Deg „¨aÞun medden lfu„uí

Wi is²an taíbibt ar „-iåe¨
Ad yid-s iqesse¨
A „-yaf deg ‡ezniq s rríuí

Ar nek a fa²l lqade¨
Azen-iyi-d ssbe¨
Ulac bermesyun an¨uí


Les jours de fête sainte arrivent
Il est bien doux de faire revivre ses souvenirs
Fête où les gens aspirent à la clémence à la paix

Quiconque a une amie aura le plaisir de la revoir
Et de réjouir un moment avec elle
Il la rencontrera dans la rue, belle et parfumée

Quant à moi, ô Agent puissant
Fais que mon cœur se calme et se résigne
Car je n'ai pas permission pour me rendre au pays


115.

Ay itri bu nne‹‚a
Azzel abrid-a
Mel-iyi amek iga wul-is

Mm teksumt am lfe‚‚a
Akken ay teñfa
Sa²diyya mechu¨ yism-is

Tecba tizerzert lxeffa
Illan di Sseí¨a
S²ant lhiba wallen-is


O étoile, point brillant
Cours cette fois
Tu me diras ce qui se passe en son cœur

Vers elle dont la blancheur de la peau
Est aussi pure que celle de l'argent
Saadia, au nom renommé

Elle est, par sa légèreté de ses mouvements
Comme la gazelle qui vit dans le Sahara
Son regard est imposant et majestueux


116.

…xil-k ay itbir ²alli
A gma-s l-l‡emri
Awlidi ili-k d lkayes

A‡‡aŸ inek àer ²adni
Qeggel deg Wzabi
Taddart labudda Hewwes

SiweŸ -asen sslam sàur-i
I leíbab ir‰elli
Sa²diyya ‚ewwel yid-s


Je t'en supplie, ô pigeon prends ton vol
Toi, ô descendant de Igwemri
Ami, tu te montreras habile et aimable

Ton but est d'arriver à Adni
Tu te reposeras prendras le frais à Azabi
Dans tout le village, il faudra t'y promener

Tu salueras de ma part
Tous les amis, sans exception
Auprès de Saadia, tu prolongeras ton séjour


117

Ad asen-teíkuŸ ie‰elli
Ay ge٬an yid-i
…xil-k ili d lfares

Aqli-i kulyum d ime‚‚i
Ma ad d-rzun fell-i
Xe¨„um „„abra„ d awennes

Lemíayen xañ nekkini
³aggde² d Umåabi
A„„a ssu¨a-w tesres


A tous, tu leur raconteras
Tout ce qui m'est arrivé
Je te prie d'être bien habile et éloquent

Dis-leur que, chaque jour, je ne fais que pleurer
Qu'ils veuillent s'intéresser à moi
Qu'ils m'écrivent: cela tient toujours compagnie

Dis-leur qu'il n'y a pas plus malheureux que moi
Qui ai passé Laïd au milieu des Mzabites
J'en suis ébranlé, tout mon être se disloque


118.

Ay am-d-greà d ññellaí
At tåallit n ññbeí
Ÿ yetran yeddukulen

Meli-i lemíiba n ññeí
Men ²andi teqseí
Akken tella deg ulawen

I sin yemlalen ññbeí
Yendeh uberreí
Tameddit yexda² yiwen


Je ta supplie, au nom des saints
Au nom de tous ceux qui prient dès l'aube
Et des astres qui se lèvent et se couchent ensemble

De me montrer et de me dire ce qu'est la vraie amitié
De ma part, elle est vive et profonde
Telle qu'elle doit être dans les cœurs

Que penser de ceux qui, le matin, se livrent l'un à l'autre
Leur liaison répandue est connue de tout le monde
Et dont, le soir, l'un d'eux trahit


127.

Ata wul-iw ineggi
Metleà-t Vel lbuji
Illan di lefna¨ teíbes

Skud t¨eq te„ribi
Si ññehd t-tmessi
Acemma acemma tneqqes

TeÞÞa amkan-is d lxali
Tafat-is texsi
Y‹‹el ‚‚lam yessulles


Mon cœur se désagrège et coule goutte à goutte
Je le compare à une bougie
Qui, enfermée dans une lanterne, se consomme

Et plus elle brûle, plus elle s'effondre
A cause de l'intensité de la chaleur
Peu à peu, elle diminue, elle décroît

Bientôt, sa place reste vide
La clarté de sa lumière disparaît
Pour ne laisser que l'obscurité la plus profonde

 

3. Muhend-Saïd Oubelhiret


157.

Sa²diyya d Fa‚ima
Rnu-d Dehbiyya
Akken ay jebdent ññef

Sut tec¨aŸ seddu ¨¨eqba
Mital líejla
Kulci nnsent idda s líe¨f

Ay atma ay s²ant lhiba
Urgaà deg tnafa
Sa²diyya abrid-a a „-ne‚‚ef


Saadia et Fatima
Y comprise Dehbia
Ont formé ensemble un clan

Toutes portent des tatouages dans le cou
Pareils à ceux de la perdrix
Tout, chez elles, est porté et fait avec art

O frères! Que de respect, de crainte inspire leur personne
J'ai fait un rêve, dans mon somme
Que j'aurai bientôt Saadia

158

Ay af¨ux a bu rrica
Na²ti-k b¨iyya
S ladris àer teqcicin

Abrid-ik Tizi at ³ica
³eddi lÞem²a
Lembat àer sut ta²yunin

Sellem àef Fa‚ima
Te¨nuŸ-d Dehbiyya
D ²ani mm tmeqyasin


O oiseau à la belle aigrette
Je te charge de cette missive
Destinée et adressée aux filles

Ton chemin est par le col des Béni Aïcha
Passant par Ldjemaa
Ton coucher est près des belles aux jolis sourcils

Tu salueras Fatima
Ainsi que Dehbia
Et Aïni aux petits bracelets

159.

Assenni t-ta²acu¨t
A lfahmin cfut
Ad nini Ay teå¨a ti‚-a

Ur „„amnet tame‚‚ut
Ie‰el da di tmurt
Si Tunes alamma d ªanja

Deg zal irna s „„but
Ul ijreí yemmut
Ay atma teŸ¨a l²i‚a


Ce jour-là, c'était l'Achoura
O sensés, rappelez-le-vous bien
Je vais vous dire ce qu'a vu cet œil

N'ayez jamais confiance en la femme
Partout, dans ce pays
Depuis Tunis jusqu'à Tanger

C'était en plein midi et devant témoins
Mon cœur, blessé du coup, en est tout brisé et anéanti
Frères, il y a eu un grand scandale


160.

Aderàal tura d làut
Ggal ulac leínut
Yak iñuíeb ³alÞiyya

Acu ta²ceq tsekkurt
Deg‡eàbub am te¨but
A Qessam ta d làel‚a


L'aveugle est maintenant passé maître
Vous le pouvez affirmer sans craint de parjure
Sachez qu'il a approché et possédé Aldjia

Qu'a-t-elle aimé, la perdrix
En cet être infect, d'une saleté répugnante
O destin, ceci ne doit être qu'une erreur, une méprise.

230.

Taqcict iteba² nnu¨
D ism-is mechu¨
Sa²diyya yellan di LÞem²a

I‹‹el-as lwad am ñanñur
Ihedd¨en s lÞu¨
Neà diputi deg Fransa

Wekkleà-am At Bumensu¨
D at yisem mechu¨
Ma ur d-nniŸ ti""as yya


La fille que suit la lumière
Celle dont le nom est renommé
Est Saadia qui réside à ldjemaa

L'amour la rend éloquente comme un censeur
Qui ne parle qu'avec véhémence
Ou comme un député de France

Je te supplie, au nom des fils de Bou Mansour
Dont la sainteté est si célèbre
De me dire un jour: "Viens"

231.

Inàa-yi yiŸes d ²awaz
Si lmeína d wermaz
Mi t²adda tuzyint neŸma²

Sa²diyya yelli-s n lbaz
Nàil a „-níaz
Tesrafeg-i deg fus temna²

Yuà-i„ Qasi aíezzaz
I„raíen am lgaz
Zdeffir i „-ittaba²


Je souffre pendant mes sommes et pendant l'éveil
Par suite des peines et réflexions qui me torturent
Quand je vois passer la belle, je languis d'amour

Saadia, fille de faucon
Que je pensais posséder un jour
S'est envolée de ma main, elle m'a échappé

Pour aller épouser le méfiant et jaloux Kassi
Qui pue comme le pétrole
Et qui la suit partout où elle va


232.

Lqe¨n agi d bu l²a¨
Ay geråa g letma¨
Ibda-ten-id mkul rrif

†aíií akka ay tña¨
LeÞnan bu lenwa¨
A lfahmin ye©©a-t wassif

Taqcict llebsa-s d leàya¨
Neå¨a-„ d lxetya¨
D baba-s i „-ifkan bessif


Siècle de honte et d'opprobre
Que de jolis arbres fruitiers tu as brisés, détruits
Les entamant par tous les côtés, tu les sapes sans pitié

En toute vérité, voici exactement ce qui s'est passé
"Le jardin aux beaux massifs de fleurs
O sensés, est ravagé, dévoré par le torrent"

La belle, celle aux vêtements légers comme des nuages
Celle que nous connaissons être le choix entre toutes
Est donnée malgré elle par son père


233.

Yuà-i‚ kra m bu²emma¨
Tusbiàt l-lecfa¨
Xas ul-is yehba-t wurrif

Ma d Ûebbi Vur-s lexba¨
D aínin d ajebba¨
A„-„-imna² si mkul líif


Epousée par un certain "épervier"
La belle aux jolis cils noirs
A le cœur constamment dans le chagrin

Que Dieu, Lui a connaissance de tout
Lui qui est Bon et le sauveur par excellence
Veuille la délivrer de toutes les peines

 

4. Larbi Ould-Braham

172

Bqa²laxi¨ a tiliwa
TiŸ deg ne„xima
I yi-iÞan mebla lmeñ¨uf

Yi""as ay lu²aà tinna
Tanna-d menwa wa
TeÞÞa-yi Ÿalleà i wec¨uf

…xil-k a Sidi Balwa
Ma ur d-qbileŸ ara
Terre‚ ¨¨ay-is d lmetluf


Adieu, sources et fontaines
Celles près desquelles j'aimais tant séjourner
Celles qui m'avaient réduit en misère

Une seule fois, j'ai interpellé une telle
Qui me répond: qui es-tu
Elle m'a poussé jusqu'à me précipiter dans l'abîme

Je te supplie, o Sidi Baloua
Agréant mon invocation
D'égarer, d'affoler sa raison


173

ªawes d Zwina di snat
Deg giwet taddart
Sut ddíuí t tmeqyasin

Mi d-²addant am líejlet
³adlent g ññifat
Tin teå¨iŸ tin‚-as t-tin

³annaà-a‰ent lmalaykkat
³adlemt-aà lembat
Nek d we¨fiq-iw di sin


Taoues et Zouina, toutes les deux
Sont du même village
Elles, aux bracelets d'argent et de corne

Elles sont, arrivant ensemble, comme de vraies perdrix
Elles ont les mêmes traits, la même beauté
A tel point qu'on les confond l'une l'autre

Je vous conjure, Belles au nom des anges
De nous accorder une nuit d'amour
A nous d'eux, mon compagnon et moi


174

A„„a tasa-w te„quddu¨
½ef lal mm mzur
D zzin-is di be¨¨a ulac

Tic¨aŸ-is rrant d lÞu¨
Tikli am lbabu¨
½er temdint mi zzin leíwac

D ddunit-a d mm leà¨u¨
Deg rebíen la²¨u¨
D nnubba ""iŸ-ak nes²ac


Mon cœur font et s'égoutte
Au sujet de celle à la chevelure aux longues tresses
Dans ce pays, il n'y a pas de beauté pareille

Ses tatouages lui vont à merveille
Son allure est semblable à celle d'un bateau
Qui se rend vers la ville encadrée de villas

Cette époque est pleine de tromperies et de méfaits
Les vils et les fats seuls y trouvent leur bonheur
C'est leur tour, eux que nous avons recueillis et formés


175

Ufià-„ deg babedda¨
Di lÞe¨nan teqqa¨
Taqcict tusa-d si lakul

Mm teksumt am lebya¨
La t¨eq am lefna¨
Ti‚-is teàma deg lekíul

Mi d ²adda mm sebàa„ lecfa¨
D l²aql-iw i‚a¨
D ul-iw ikecm-it lhul


Je l'ai trouvée sur la porte du vestibule
Tenant un journal qu'elle lisait
La belle venait d'arriver de l'école

Avec sa peau couleur d'albâtre
Elle scintillante et éblouissante comme un flambeau
L'éclat de ses yeux est relevé par le khoul

Quand elle passe, elle, aux beaux cils noirs
Toute mon âme s'envole
Laissant mon cœur agité et troublé

 

5. LíaÞ Sa²id Aíawac


269

Aql-iyi beddeà isse¨sa¨
LÞil a d aàedda¨
Mkulía yerba ssuq-is

G lbiru yekker uàebba¨
Ay geŸ¨a l²atba¨
Argaz iqubel jjwaÞ-is

Lmir a‰ d lkumiña¨
Xedmen leqhe¨
Jjuj i²aggen lÞehd-is


Me voici exposé à toutes les intempéries de l'hiver
Par suit de cette génération perfide et traîtresse
Chacun ne récolte de son entreprise que des déceptions

Au bureau, un nuage de poussières s'éleva
Provoqué par la lutte qui s'y était engagée
Le mari s'est vu appeler à comparaître devant son épouse

Le maire et l'administrateur
Ont accompli des faits de violence
Et le juge a montré toute sa puissance


270

Seg F¨ansa ay dmcawa¨
Xebb¨en kul duwwa¨
Yebàa an nuàal d llemm-is

Deg w„af„ar ay ge„naŸa¨
D lxiÞa yeqqa¨
Kul yiwen ibdel-as isem-is


L'arrêt nous vient de France
Chaque douar en a été aussitôt informé
Le Français veut que nous adoptions ses mœurs

Pendant qu'il suivait sur un registre
Le khodja énonçant en lisant
A chacun, il donna un autre nom


271

…xi-k a mesyu lminis
Nexdem sserbis
Nek àileàa lÞid ak-nàiŸ

Nefsi dd¨ahem àef lkis
Lebhedla nu leí¨is
Yuàal-av uzal am yiŸ

Wi irewlen iÞÞ arraw-is
Issen‚el iman-is
Nxebbe¨-ik mazal tesliŸ


Nous vous avons supplié Monsieur le Ministre
Nous qui avons tous accompli notre service
Pensant, ô Excellence, que vous auriez pitié de nous

Amenés à délier nos bourses pour la Caisse
Pressurés et persécutés par toutes sortes d'outrages
Le jour est devenu pour nous pareil à la nuit

Quiconque a pris la fuite, abandonnant ses enfants
S'est dérobé pour cacher sa personne
Informé, vous n paraissez pas encore avoir entendu


272

G‡asmi d innulfa leí‰em l lmir
Ay neåŸa ukemmir
Isumma-aà bía azrem

Líif idhe¨ ur iffir
Neàli wer nekkir
Mi ne©©a nna²ma nendem

…xil-k a lminisdeggi¨
Rr-aà-d lminitir
Tefka dderya n Sidna Adem


C'est depuis qu'on a innové le gouvernement de maire
Que nous nous trouvons réduits à la plus grande misère
Il nous sucés et avalés à l'instar d'un serpent

Notre ruine est apparente et nullement cachée
Brisés, terrassés, nous ne pourrons jamais nous relever
Toute nourriture prise nous paraît lourde et amère

Nous vous supplions, ô Ministre de la guerre
De nous rendre l'administration militaire
Car toute la progéniture du seigneur Adam, est épuisée


273

…xil-k a mesyu lbrifi
Ili-k d inifi
L²amala-k bezzaf teí¨eq

Lbatinta d u‰e¨fi
Nxeddem ur nekfi
Tura nezga-d n²awweq

Wi iÂÂuåen yedda íafi
Yuàal d imenfi
Hat deg teågi d amnafeq


De grâce, ô Monsieur le Préfet
Ayez un peu d'amour-propre et de cœur
Votre département est trop pressuré

Ecrasés de patentes et de corvées
Nous travaillons sans jamais parvenir à nous suffire
Nous arrivons à un état embarrassant et critique

Quiconque est dans la misère, allant nu-pieds
Poussé par la faim, se fait bandit
Et passe dans la forêt, où il vit en insurgé


274

…xil-k a sidi l‹eb‚an
Xedm-asen leísen
I l²ske¨ te""eŸ meååi

Telt chu¨ tikli ‡‡ amen
ßÞan imawlan
Kecmen leblad lweñfani

A Ûebbi ²ajel s wussen
Xlan izenqan
A lxalat ²admemt timmi


Je te prie, ô seigneur capitaine
De prendre soin
Des jeunes soldats que tu emmènes

Ils auront à subir trois mois de bateau
Partis loin de leurs parents
Ils s'en vont tous dans le pays des noirs

Dieu! Fais que les jours s'écoulent vite
Car nos rues sont devenues désertes
Femmes, portez le deuil, ne vous faites plus belles


6. Autre témoignage sur Si Mohand

(Extrait de Boulifa, Méthode de langue kabyle. Cours de deuxième année, Alger, 1913 ; texte transcrit et traduit par Madeleine Allain in Scènes de vie agricole, FDB n° 123, 1974)


(Yidir) - Yekkr imiren si muíend u míend, ijebd-ed asebsi n elkif, i²emm¨-it, ice²l-it, yuàal igr-ed nnehta yendeh àen ñellaí akken ellan, yenna-y-as :

(a) aseggwas-agi muhab
ay d-iàu¨¨ si ccbab
wid yeà¨an di lmeddersa.

Kul lferma beddn-as al-lbab
aqbayli d we²¨ab
e¨wan lexnazer taŸña/

yak ab²eŸ cedhan-t leíbab
yemma-s tesseísab
àef mkul iŸ anda yensa.

Ikemml-as :

(b) elqe¨n-a yebda s elqe¨ñ
yeÞÞa-y-aà ne¨xeñ
d aymi la tihhin fell-aà.

Ass-nni mi llià d elfa¨es
usià-d netwannes
a‚as bbwid ssíefŸeà.

Tura imi tagwni„ te²kes
íedd ma d as-eníess
lmeína iqedd¨ a „-kemmleà.

(c) Recdeà-k a lfahem íesses
deg lehdu¨ keyyes
lehlak-iw íedd ma d as-t-emleà

ddunit yeñ²eb lamr-is
wi rebíen yeníes
xilla bbwidak ssneà.

Ab²eŸ tesse©©-as times
deg lerbaí yuyes
s àu¨ ¨ebbi ay as-d-def¨eà.

ccix - ad fell-ak ye²fu ¨ebbi ye²fu i win i ten-yessefran. A kn-ig ¨ebbi n at elÞennet. D akka ay d isefra. Mkul awal s uzal-is. Mennaà di sidi ¨ebbi awifan ad emlileà yid-es, a t-íelleà ad yeqqim yid-i xe¨ñum yibbwass neà yumayen ad leíqeà seg mi-s kra bbwid-nni akken ime²nen, a ten-neqleà, a ten-wexx¨eà àef tektabt.
- anda ara yili wi t-yafen weícayci, uåawali lhemm ? ulamma temlaleŸ yid-es, e²ni tenwiŸ yezmer ad yeqqim deg yiwen wemkan ? ass-a at-tesleŸ yi-s da, azekka dihin. Akkn ara yaweŸ àer walbe²d imukan, ad yexze¨ : ma yella ur as-tehwiŸ ara, xas ekkes gzem aqe¨¨u-y-is iwakkn ad yeqqim yid-ek, ur ye„àimi ara. Ula „-„addart deg mazal yemma-s tedder, „-„axa‚it ar d-yenulfu. Ad yeqqim aseggwas, ²amayen, a d-yas àer tmurt ; ad yekk aggur, sin ; umbe²d ad i¨uí, ad iàewwe¨ ur yeå¨i íedd sani. Ass-a ad ak-inin ha-t deg tizi uzzu, ass-a dg elzayer, ass-a dg ebgayet, ass wayeŸ at-tesleŸ yi-s deg ²annaba neà deg tunes. Ama dagi, ama deg temdinin, lwe²d-is yeàli ài¨ di tmeícaycit. Efk-as ezzhu d elkif, yeÞÞa-y-ak akw ayen-nniŸen. Isefra-s „„awin àir àf ezzna d elmeína. Yebda zzhu segw asmi yella d ameåyan. Yetbe² le²ceq armi t-yessaweŸ àel-lqa²a ; yedder armi ula „-„anezduàt deg tezdeà tamàa¨t ggemma-s, d medden ay as-„-yefkan. Ma yella d ne„„a atan yeŸhe¨ yeffeà d amsaí ; tizi te„„ak-it i tayeŸ.
Qebl ad yemmet baba-s, yella yes²a ; ad yeímed ¨ebbi ; yeà¨a ula d leqw¨an ; segw asmi yemmut àer da, kra din ye©©a-t yeàåe¨. Ayn akw i s-d-yeÞÞa baba-s yenza ama „-„aneqqact ama d a²e¨qub ; ula „-„ibíirt deg tella txeddem yemma-s lxeŸ¨a, tedda. D aymi deg-gsefrass yessawaŸ ala ime‚‚i. D ne„„a ay as-yennan :

(d)ata wul-iw ye„„emhebba¨
si lkif d lexma¨
ay efkià lebài i lxa‚¨-iw.

Usià-d aql-i d a‚eyya¨
a lfahmin leí¨a¨
eŸíià-d d aà¨ib deg tmurt-iw.

Asmi llià be²deà la q¨a¨
ur ebbwià làa¨
tura yenguga wul-iw.


(e)Allah ke©© d a¨eååaq
yessidiren ineqq
kul yiwen i²ac deg tmurt-is.

Albe²Ÿ tefkiŸ-as le¨åaq
kul lÞiha ixe¨¨eq
tasekkurt degw exxam-is.

Albe²Ÿ terri‚-‚ i lemcaq
d ezzel‚ u le²ceq
yusa-d d làayeb, a ¨¨ay-is.

(f)Recdeà-k a lfahem íeqqeq
yeñ²eb elfiraq
di líayat qebl elmu„-is.

Tuzyint àef ne„„u²ewweq
s eŸ¨afa teídeq
dehceà mi d-beggn iman-is.

Wi „-yes²an llah a t-ye¨åeq
fiíel ma isewweq
di lerbaí yezga umur-is.


Alors Si Mhand ou Mhand tira sa pipe de kif, la remplit, l'alluma. Poussant un soupir et invoquant tous les saints, il récita :

(a) Cette année inspire beaucoup de craintes ;
Que de beaux jeunes gens elle pousse aux aventures,
De ceux-là même qui sont sortis des médersas !

A la recherche du travail, chaque ferme était visitée ;
Ils y étaient tous : Arabes et Kabyles ;
De leur triste situation, les porcs s'en réjouissaient

Cependant, chacun est attendu et désiré par ses amis.
Sa mère, pensant et comptant les jours,
Se demande où son fils peut avoir passé la nuit.

Et il poursuivit :

(b) Ce siècle commence par nous viser,
Il nous avilit et nous rend sans valeur,
C'est pourquoi l'on me raille et me méprise

Autrefois, quand j'étais fin cavalier,
Recherché, j'avais de la société,
Nombreux étaient ceux dont l'éducation fut faite par moi.

Maintenant que les événements ont changé,
Je n'écouterai et ne suivrai personne ;
Quant à cette épreuve, il me faut la subir jusqu'au bout.


(c) Je te supplie, ô censé, de m'écouter :
Sois sobre et pondéré dans tes paroles,
Des causes de mon mal, je n'enferai part à personne.

La vie a des exigences et des caprices très durs :
Celui qui est favorisé par elle, devient aussitôt égoïste,
J'en connais beaucoup qui sont dans ce cas.

Certains sont martyrisés, torturés par elle,
Sur ses douceurs et joies, ils n'ont aucun espoir,
Et de leur état malheureux, Dieu seul en est l'auteur.

- Merci à vous et merci à celui qui les a composés ! dieu vous mette parmi les gens du paradis !
Ce sont des poèmes ! Chaque mot à sa valeur ! Je souhaite que Dieu me fasse rencontrer leur auteur ; je le supplierais de rester avec moi au moins un ou deux jours et je recueillerais de sa bouche quelques-unes de ces paroles pleines de sens ; je les consignerais dans un livre.
- Qui pourrait le trouver ce drogué, ce traîne-misère ? Même si tu le rencontres, crois-tu qu'il est capable de rester dans cet endroit ?
Aujourd'hui tu entends dire qu'il est ici, demain là-bas. Dès qu'il arrive quelque part, il regarde : si tu ne lui plais pas, tu pourrais lui couper la tête pour qu'il reste avec toi, il ne restera pas.
Même dans le village où sa mère vit encore, c'est rare qu'il paraisse. Il reste absent un an ou deux, puis revient au pays.
Il y passe un ou deux mois, puis repart vadrouiller nul ne sait où.
Aujourd'hui on te dira qu'il est à Tizi Ouzou, demain à Alger, une autre fois à Béjaia ; un autre jour tu entendras dire qu'il est à Annaba ou à Tunis.
Ici comme dans les villes, sa passion n'est que pour le chanvre indien (hachich). Donne-lui des femmes et de la drogue, il laissera tout le reste. Ses poèmes sont tous sur l'amour et la misère. Il a commencé à s'amuser depuis sa jeunesse ; il a suivi sa passion jusqu'à ce qu'elle l'ait entraîné à terre. Il en est arrivé à ce que même l'habitation où vivait sa vieille mère, il a fallu que ce soient des étrangers qui la lui donnent.
Quant à lui, c'est bien connu, il est devenu vagabond, il court de colline en colline.
Avant la mort de son père, il avait des biens et ne manquait de rien ; il a même étudié le Coran. Depuis la mort de son père, le torrent a tout emporté ; tout son héritage a été vendu, parcelle de terrain ou champ ; même le petit jardin où sa mère faisait des légumes est parti.
C'est pourquoi dans ses poèmes il ne fait que pleurer. C'est lui qui a dit :

(d) Voici que mon coeur est tout agité
Etant grisé de kif et de boisson.
J'ai trop donné libre élan à mes caprices.

Je suis ici, abandonné et repoussé de tous ;
O gens censés et nobles
Je me trouve comme étranger, même dans mon pays.

Quand j'ai été loin et sans nouvelles,
Je n'y ai jamais eu de reproche ni d'affront ;
Tandis qu'ici mon coeur en est ébranlé.


(e) O Dieu, toi qui est celui qui comble et favorise
Celui qui fait vivre et fait mourir !
Chacun vit dans son pays.

A l'un, tu as donné des richesses,
De chaque côté, il ne fait que prospérer ;
Une perdrix égaie sa maison. (Une jolie femme)

L'autre, tu l'as livré aux aventures,
A la misère et à l'amour ;
Il se trouve rélégué ici-bas (ô homme censé !)

(f) Je m'adresse à toi, ô censé ; écoute-moi et réfléchis :
Il est pénible de se séparer
Dans cette vie, avant que la mort ne nous frappe.

La belle pour laquelle j'ai tant souffert,
Est de bonne éducation et de grande intelligence.
J'ai été bouleversé d'émotion lorsqu'elle m'a apparu.

Quiconque la possédera, sera favorisé de Dieu.
Il n'aura pas d'inquiétudes sur sa vie matérielle ;
Dans les biens, sa part lui sera toujours réservée .

 

7. Cheikh Mohand Ou Lhoussine


L'intendant indélicat.

Yella yiwen, d axuni n Ccix Muíend, yerra-t d amŸebbe¨, d ne„„a i sen-ye„„aken lqut i lexwan. Yuàal yeàwa-t cci‚an: yuker tacriít. Ccix Muíend, iwerra-yas Ûebbi, di lbaŸna yeå¨a-t. Yenna-yas:
- Ifukk weksum? TefkiŸ a‰ i medden? Ma ulac a²eggal n zzayed. Yenna-yas winna :
- An²am a ©cix, ayen yellan, fkià-asent a‰. Ccix Muíend ye""i-yaz-d asefru:
TeŸ¨a-„ yid-k, ay ul-iw,
Am-in ye„¨ebin ifker.
Iàes, la t-id yessen²at,
Aksum, iàebba-t, yeffer.
Ay ul ye‚‚alaben snat,
ëader lkerc ad ak-yekker.
Axuni ifhem : yessuter-as ssmaí, yenna-yas :
U b Lleh i kk-uzenà, a ‚‚i¨,
Qqen deg ifer-ik, ²elli:
A‡‡aŸ-ik àu¨ Ccix Muíend,
Bu leklam åiden am udi.
Anda ccŸeà, ad i tqileŸ,
U limmer i wudem ¨ Ûebbi.
Yenna-yas Ccix :
- Ûuí, ay amessas : qaleà-k, a k-iàe‚‚i Ûebbi g giseà.

Il y avait un homme, affilié de Chikh Mohend, dont celui-ci aurait fait un intendant. C'est lui qui distribuait la nourriture aux confrères. Le diable un jour le tenta, il déroba de la viande. Chikh Mohand, divinement informé, le sut:
- Il n'y a plus de viande, lui demanda-t-il. Tu en as donné à tout le monde. N'aurais-tu pas une part de reste ?
- Pour vous servir, maître, répondit- l'autre, tout ce qu'il y avait, je l'ai donné.
Chikh Mohand répliqua par ces vers :
Il t'arrive, mon cœur,
Ce qu'il advient à celui qui élève une tortue
L'os, elle le montre,
La viande, elle la cache soigneusement.
Toi, qui poursuis deux buts,
Surveille ta gourmandise: elle te perdra.
L' akhouni comprit, il lui demanda pardon:
Au nom d Allah, je t'envoie, oiseau,
Prends ton envol vers les hauteurs.
Ton but soit Chikh Mohand,
Aux paroles douces comme le beurre frais.
Si j'ai fauté, tu me pardonneras
Ne serait-ce que pour l'amour de Dieu.
- Va, pauvre niais, dit le Chikh : je te pardonne. Que Dieu te couvre de sa protection.

Diversité
A‚as ixuniyen i d-ye„¨uíun di mkul tamurt àu¨ Ccià Muíend. …àimin kra bbussan, at zu¨en, ad slen i lem²ani d lehdu¨-is. Ne„„a, ccix, iwerra-yas Ûebbi ur ²dilen ara lexwan. Llan deg-sen igad yelhan, llan agad deg-sen ileííun yir tikli. Yi""ass, ye""i-yasen asefru :
Sebían Lleh l²aŸim
Ixelqen ass-a s yiŸelli.
†ñbeí, ice¨eq-d yi‚ij,
Tameddit, d leímali.
Lexwan am tjujtin:
Wa ye²me¨, wa d lxali.
Yella din yiwen uxuni yefhem licwa¨, yerra-yaz-d i Ccix asefru :
L²esslama-k, a Ccix-iw :
NeŸía-d d inebgi yensan.
Líubb-ik yers-d àe¨ wul-iw :
Ikcem-iyi ger le²Ÿam.
Yum líisab at tiliŸ :
Wi llan d cc¨if a d-iban

Beaucoup de khouans venaient de partout voir Chikh Mohand. Ils restaient quelques jours, en visite pieuse, recueillant ses paraboles et ses sentences. Mais lui, il percevait d'une façon surnaturelle les différences d'esprit et d'intentions. Il y avait des âmes droites et des conduites douteuses. Un jour, il leur dit en vers:
Louanges à Dieu Très haut,
Qui crée le jour d'aujourd'hui et celui d'hier.
Le matin, le soleil se lève,
Le soir, ce sont des trombes d'eau.
Les confrères sont comme des noix,
L'un représente une valeur, l'autre est creux.
Un des assistants, qui comprenait les insinuations du Chikh, répondit :
La paix soit sur toi, mon maître,
Je suis venu comme hôte d'un soir.
Ton amour a pénétré mon cœur,
Il s'infiltre dans tous mes membres.
Tu seras là, au dernier jour,
Qui est vraiment noble, on le verra.


Autre anecdote
Yi""ass, tella yiwet tme‚‚ut t¨uí-d a d-zu¨ Ccix, te""i mmi-s d amej‚uí. Aqcic-nni yemmaååeŸ, yekkes-d take¨must, ye©©a-„. Teffeà-it-id deg qe¨¨u. Mi te""eŸ yemma-s àu¨ Ccix, yenna-yas :
- A tamessast, dacu kem-id ye""in akka ? Tenna-yas :
An²am, a Ccix, ttej¨a l leílu,
Mmi yekkes-d takermust,
Teffeà-it-id deg qe¨¨u :
Accix, di le²naya-k,
Æelbeà deg-k le²fu.
Yesself-as Ccix i mmi-s, tedda-d tkermust deg fus-is, tekkes-d, yeíla weqcic. Mi si qqimen kra l le²wam ad yemmet Ccix Muíend, yefka „„rií i làaci ad ©©en di ¨¨ezq-is, yenna-yas: ur nfi²eà iman-iw, ur nfi²eà zzeya¨-iw. Xas i²emmed, yeqqim-d ukukru i làaci ar assa.

Un jour, une femme vint en pèlerinage chez le chikh. Elle amenait avec elle son fils, un jeune garçon qui, tout à son aise, cueillit une figue de barbarie, qu'il mangea. Elle lui ressortit sous forme de tumeur sur la tête.
Quand la mère arriva près du chikh, celui-ci lui demanda :
- Qu'est ce qui t'amène, pauvre tête ?
Elle répondit :
Maître, arbre aux fruits savoureux,
Mon fils a cueilli une figue de barbarie
Qui lui est ressortie dans la tête.
Maître, je t'en supplie,
J'implore de toi le pardon.
Le chikh caressa l'enfant, la figue vint dans sa main. Le petit était guéri.
Quelque temps avant sa mort, le chikh Mohand donna l'autorisation de manger des fruits sur ses arbres. Je n'en ai pas tiré profit pour moi-même, dit-il, et je n'en ai pas fait profiter mes visiteurs. Malgré cette permission, la crainte de toucher à ses fruits s'est maintenue jusqu'aujourd'hui.


Un visiteur de marque
Si Míend u Míend, mi mechu¨ yisem-is, i¨uí àu¨ Ccix izu¨-it-id. Akken ye""eŸ, yeqqim de‡‡ b¨aí, la ytess ddeŒŒan. Nnan-as lexwan :
- Ccix ur iíemmel ara ddeŒŒan.
Akken d yesla Ccix i wawal n ddeŒŒan, yeffeà-d, yesteqsa :
- Anwa wahin?
I²eqel-it-d Si MuHend u Míend, yenna-yasen i lexwan-is:
- Anefet-as: ne„„a am ccman difir: s wabbu ig leííu! Yenna-yas Si Míend u Míend :
A Ccix Muíend welíusin,
Nusa-d a k-nissin :
Kkes-aà degg ul làiŸ.
A lbaz izedàen leísin
Iíubb-ik weínin.
ª‚a¨iÞa-s íedd ur „-ye""iŸ.
I wemñafe¨ tgem-as a²win,
Si Tizi akin :
Tamurt at beddel wiyiŸ.
Yenna-yas Ccix :
- ³iwed-az-d. Yenna-yas Si Míend :
- Nekkini ur „²awadeà ara i wayen d-nnià. Yenna-yas Ccix :
- Ak-ineà Ûebbi d aà¨ib. Yenna-yas Si Muíend :
- De‡‡ sqif n at Sidi S²²id, ncallah!

Si Mohand ou Mohand dont le nom est bien connu, vint faire visite à Chikh Mohand ou Lhoussine. A son arrivée, il attendit dans la cour, en fumant.
- Le maître n'aime pas le tabac, lui dirent les Confrères.
Entendant parler de tabac, le Chikh sortit et demanda:
- Qui est clui-là.
Il reconnut Si Mohand :
- Laissez, dit-il, il est comme la locomotive: il marche à la vapeur.
Si Mohand dit :
Maître Mohand Ou Lhoussine,
Je viens pour que nous fassions connaissance.
Ote de mon cœur le souci.
Aigle habitant les lieux saints,
Le Miséricordieux t'aime.
Sa sublimité, personne ne l'a atteinte.
Pour le voyageur, préparez un viatique;
Depuis Tizi et au-delà,
Le pays va changer de propriétaires.
- Veux-tu répéter ? demanda le Chikh.
- Je ne répète jamais ce que j'ai dit, dit Si Mohand.
- Que Dieu te fasse mourir étranger en terre étrangère!
- A "Asqif de Sidi Saïd", s'il plaît à Dieu.

I¨uí yiwen wergaz ad izu¨ Ccix Muíend. Yeqqim ne„„a d zzeyya¨. Mi g kker Ccix ad iwet ad i²eddi, yenna-yas:
-An²am, a Ccix, ÞÞià gma de‡‡ xxam d amiŸin.
Ccix i²edda telt me¨¨at amzun ur yesli ara. Yuàal yebded, yen‚eq àe¨ zzeyya¨, yenna-yasen:
- Wi iyi-d-yennan awal agi: Þþià gma de‡‡ xxam d amuŸin? Yenna-yas winna:
- An²am, a Ccix, d nekk.
Ccix Muíend i¨uí s axxam-is, ye¨qa-yas cwi‚ l lqehwa d ss‰e¨, yenna-yas:
Awi-yas-ten i gma-k:
Ma ur d-ye""iŸ ara nnuba n ssfe¨,
Ddwa-s lqahwa d ss‰e¨
Ma ye""eŸ-d nnuba n ssfe¨,
I yawen-d ye""i, d ññbe¨.
Dàa yuàal winna, ye""i-yas i gma-s lqahwa d ss‰e¨ i yas-ye¨qa Ccix, yesse""a-as-ten. Yefka-d Ûebbi tabburt, yeíla.

Une anecdote
Un homme vint voir Chikh Mohand. Il se mêla aux autres pieux visiteurs. Quand le Chikh vint à passer, il lui dit:
- Pour vous servir, Maître, j'ai laissé mon frère malade à la maison.
Le Chikh passa trois fois sans paraître l'avoir entendu. Il s'arrêta enfin et demanda aux visiteurs:
- Qui m'a dit: j'ai laissé mon frère malade à la maison? L'homme répondit:
- Pour vous servir, Maître, c'est moi.
Chikh Mohand rentra chez lui, prépara selon formules secrètes du café et du sucre:
-Porte cela à ton frère, dit-il.
S'il n'est pas arrivé à l'heure du grand voyage,
Son remède sera ce café sucré;
Si son tour du voyage est arrivé,
Ce qu'il lui faut, c'est la résignation.
L'homme rentra chez lui, emportant à son frère le café et le sucre bénit par le Chikh, il les lui fit chauffer. Dieu lui accorda la guérison.


Encore une autre
Yi""ass, Ccix Muíend i¨uí ar ssuq. Yenna-yas yiwen:
- An²am, a Ccix, a yi-teå¨eŸ tayuga: ""ià-„-id a „-zzenzeà, yiwen deg-sen ur kerrez ara. Yya, a yi-t-twaliŸ. Yenna-yas:
- Yirbeí.
Yedda-d yid-s anida tella tyuga. Yenna-yas:
- Ata: wali-t.
Ccix Muíend la s yeslufuy, ihedde¨-as:
Tayuga d-uàen at Tizi n terga:
""in-kem-id ad kerzen yiss-m tiŠeååa
Ma tugiŸ, a kem-nefk i wakli:
A kem-i²elleq di twe‚za.
Azger-nni yerugmet. Neh¨en-t s axxam ne„„a d gma-s. Azekka-nni, ikerrez kte¨ n zik.

Un jour, Chikh Mohand alla au marché. Un homme lui dit:
- Sauf votre respect, Maître, venez m'examiner une paire de bœufs que j'ai amenés pour les vendre; l'un ne sera jamais bon au labour, venez le voir.
- Volontiers, répondit le Chikh.
Il alla avec l'homme à l'endroit où se trouvaient les deux bêtes.
- C'est celui-ci, dit l'homme, regarde.
Chikh Mohand caressa un moment le bœuf, et il dit:
Paire qu'ont achetée les gens de Tizi n Terga,
Et emmenée pour labourer les champs en bas de côtes,
Si tu refuses le travail, je te donne au boucher:
Il te pendra par les pattes.
Le bœuf en question poussa un mugissement. On le ramena à la maison, avec l'autre. Le lendemain, il labourait mieux qu'il n'avait jamais fait.


Une avant-dernière
Dduklent tlawin ttarba² àu¨ ccix Muíend. Tedda yiwet deg-sent ur zeddigt ara.
Akken ""Ÿent àu¨ ccix, qqiment ad zu¨ent. Mi fukkent zzya¨a, fkant lwe²da. Ye‚‚ef ula d lwe²da n tme‚‚ut-nni ur nzeddig ara; ccix, iwerra-yas Ûebbi tame‚‚ut-nni dacu-„. Lame²na, lwe²da-s, ye‚‚ef-i„.
Akken d fàent, la cbecbucent m ""ay ger-asent, la s-qqa¨ent :
- ³eddi tura! Ula d lwe²da n tagi, ye‚‚ef-i„! Ccix Muíend yefhem dacu la hedd¨ent tulawin ger-asent. Iqubel-itent s usefru, yenna-yas:
……uba n tulawin :
Am tala deg ‡‡tit waman.
Adrim-nsent d asekkak :
Ur ye„„unefka d ddeyyam.
Ccix ur yeqqa¨ ala :
Win d yusan, ata wexxam.

Des femmes vinrent en groupe voir Chikh Mohand. Une femme de mauvaise réputation se joignit à elles. Arrivées chez le Chikh, elles firent tranquillement leur visite pieuse et, quand elles eurent fin, déposèrent leurs offrandes. Le Chikh accepta l'offrande de cette femme de mœurs douteuses comme celle des autres. Dieu lui avait révélé ce qu'elle était. Il accepta, néanmoins, son obole. Quand elles furent parties, les femmes chuchotaient:
- Il ne manquait plus que ça, disaient elles, même l'offrande de celle là il l'accepte !
Chikh Mohand comprit ce qu'elles disaient, il leur répondit par ces vers:
Piété des femmes
Une fontaine où l'eau abonde.
Leur argent, de la fausse monnaie,
On ne saurait y attachait de valeur.
Le Chikh ne dit jamais non,
A tous ceux qui viennent, la maison est ouverte


Une dernière
Llant snat tlawin. Yiwet tes²a a²e¨qub uzemmur, tjemme²-d zzit. TayeŸ tes²a tafunast, tessenduy, ttekkes-d tiwurac bbudi. De‡‡ akken ur testeqna² ara s wayla-s, txeddem iíeckulen i tiden yessenduyen i wakken a sent-d-kkes udi.
Yi""ass, dduklent i snat àu¨ ccix. Tin yes²an azemmur, te""i-yas líila n zzit; tin yes²an tafunast te""i-yas aqbuc bbudi.
Akken ""Ÿent, ufant ccix de‡‡ sqif. Tin ye""in zzit, yenna-yas:
- Ûuí s axxam inna, smir-i„.
Tin ye""in udi, yenna-yas :
- Sers-it de‡‡ sqif.
Teser-it. Yuàal yesteqsa-„, yenna-yas :
- Amek i s-teqqa¨eŸ mi ara tessenduyeŸ ? Tenna-yas :
- Akken i s-qaa¨en medden. Yenna-yas:
- Ur skiddib ara, ini-d kan amek i s-teqqa¨eŸ. Tenna-yas:
- Qq¨eà-as: a taxsayt-inu, duí duí :
Teffal i wa²¨ab ""ecluí,
Anda yella yiài d wudi :
Tafunst-iw a àe¨-s d-i¨uí.
Yenna-yas :
-Ma©©i akka agi ara teqqa¨eŸ, qqa¨-as :
A taxsayt-inu, duí duí
Akken t¨uíeŸ i Ûebbi, ar d am-d-i¨uí.
Tin ye""in zzit, yefka-yas lefwa„eí yelhan ; tin ye""in udi, yenna-yas :
- Ddem udi-m t¨uíeŸ.
Uàalent armi d abrid. Tinna i tekksen udi i tiyaŸ teàli men‚eq, temmut. Ccix Muíend ik¨a win ixeddmen ayen ur nlaq ara. Lame²na, win ara t-ixedmen s timmeàbent d laå, ye„²emmim allen-is. Akken i s-d-yefka Ûebbi tam²ict-is.

Il eut deux femmes, dont l'une possédait un champ d'oliviers et récoltait de l'huile. L'autre avait une vache, elle écrémait le lait pour retirer des boulettes de beurre. Comme elle ne se contentait pas de ce qu'elle avait, elle pratiquait des sorcelleries contre celles qui faisaient du beurre pour les frustrer de leur industrie.
Un jour, elles allèrent toutes les deux chez le Chikh. Celle qui avait des oliviers apportait un récipient d'huile; celle qui avait une vache apportait un pot de beurre. Quand elles arrivèrent, elles trouvèrent le Chikh à l'entrée. A celle qui apportait de l'huile, il dit :
- Va là-bas, la verser.
A celle qui avait apporté du beurre:
- Pose le, dit-il, ici, dans le passage.
Elle le déposa, et il lui demanda :
- Qu'est-ce que tu dis quand tu bats ton beurre ?
- Ce que tout le monde dit, répondit elle.
- Ne mens pas, dit-il, dis-moi ce que tu dis
Je dis : Ma calebasse à moi, balance-toi, balance-toi.
Elle passe par les arabes des tentes,
Où il y a du petit-lait, du beurre,
Ma vache, que cela vienne vers elle.
- Il ne faut plus, dit-il, dire cela, dis :
Ma calebasse à moi, balance toi, balance toi,
Comme tu es perdue pour Dieu, qu'Il se perde pour toi.
A celle qui avait apporté de l'huile, il fit des promesses encourageantes, à celle qui avait apporté le beurre il dit :
- Reprends ta marchandise, va.
Elles venaient de reprendre la route quand celle qui supprimait par maléfices le beurre des autres tomba, tout d'un coup, morte.
Chikh Mohand avait en horreur ceux qui faisaient le mal. Cependant, pour ceux qui agissaient, poussés par la nécessité, la faim, il fermait les yeux. C'est ainsi que Dieu lui avait fixé ses moyens de vivre.


Encore une autre
Tella yiwet tme‚‚ut tes²a aqcic tteqcict. Yeíkem Ûebbi ff rgaz-is yemmut. Ilewsan-is ugin a „-rren. Ne„„at tes²a arraw-is, ur tebài ara at teqqim m bài¨ tacacit.
Ûuíen àu¨ ccix Muíend. ëkan-az-d akken tella tme‚‚ut n gma-tsen. Ccix ur asen-d-yerri ara awal. Yen‚eq s axuni-s, yenna-yas:
- Rfed zià tabla‚-inna.
Ne„„a yekker a „-yerfed, ur s-yezmir ara. Iqebl-d ccix àe¨-sen, yewt-iten-id s licwa¨, yenna-yasen:
Ibawen iqu¨anen „„azzgen,
Tame‚‚ut tebàa ixxamen medden ;
Arraw-is ur uklalen ara ad ggujlen ;
At tuàal l lebài ¨ Ûebbi: d ne„„a akka i tiraden.
Tefhem tme‚‚ut-nni ur s-yefki ara ccix licwa¨ n rrbeí : t‹e¨¨ec acebbub-is, teqqim f arraw-is.

Une femme avait un garçon et une fille. Son mari vint à mourir. Ses beaux frères refusèrent de la reprendre. Malgré ses enfants, elle ne voulait pas rester sans mari.
Ils allèrent exposer au Chikh Mohand la situation de leur belle sœur. Il ne répondit rien mais dit à l'un de ses confères :
- Va donc soulever cette dalle, là-bas.
Il y alla, essaya de soulever la pierre, en vain. Se tournant vers ces gens et parlant par parabole, il leur dit:
Les fèves sèches, on les tromper,
La femme veut se remarier,
Ses enfants ne méritent pas de rester orphelins,
Elle se conformera au vouloir de Dieu
C'est Lui qui l'a voulu ainsi.
La femme comprit que le Chikh ne lui laissait pas espérer une solution heureuse. Elle fit couper ses cheveux et se consacra à ses enfants.


Une dernière
Ula d ÛemŸan, ala ayen d ife¨¨eŸ Sidi Ûebbi ig „weññi ccix Muíend. Ye„„a‡i win ara izeggden. Win ara s yuåumen nnig wayla-s ye„„usmma ta‰effa¨t.
Ûuíen-d lexwan àu¨ ccix Muíend. Akken ""Ÿen àu¨-s, inebbeh f txeddamin-is, yenna-yasent:
- Awimt-Ÿ ta¨but n se‰su i lexwan agi i d-yusan, ad fet¨en: Ââuåen.
Qe¨¨eben ad ©©en ya‰, íaca yiwen ur nqe¨¨eb ara. Yenna-yas ccix Muíend:
- Acimi ur tqe¨¨beŸ ara ke©©ini at te©©eŸ? ³ni ur telluåeŸ ara? Yenna-yas winna:
- An²am, a ccix, uåameà. Yenna-yas ccix Muíend:
- Dacu tuåameŸ. Yenna-yas uxuni-nni :
- An²am, a ccix, uåameà ad seddeqeà i Ûebbi. Yenna-yas ccix Muíend :
- Ay amessas, ur ye„„eddiq íedd laå i Ûebbi. Sedeq ¨¨eåq d win i k-inef²en. Ma d ÛemaŸan, ala aggur ig Þuzen. Qeddem at te©©eŸ.
Iqeddem-d winna, ye©©a.

Quant au jeûne, Chikh Mohand n'exigeait pas plus que l'observation du commandement divin. Il interdisait d'y ajouter, Disant que faire plus était à considérer comme une impiété.
Des confrères étaient venus le voir. A leur arrivée, il appela ses servantes:
- Vite leur dit-il, apportez un plat de couscous à ces Confrères qui viennent d'arriver, il faut qu'ils déjeunent, ils doivent avoir faim.
Ils s'approchèrent du plat pour manger, sauf un. Chikh Mohand lui demanda :
- Pourquoi ne vas-tu pas manger avec les autres? Tu n'as donc pas faim.
- S'il vous plaît, Maître, répondit-il, je jeûne.
- Et pourquoi jeûnes-tu, Maître, je veux faire aumône à Dieu.
- Pauvre prétentieux, dit le Chikh, on ne fait pas à Dieu cadeau de sa faim. Donne de tes biens. Cela sert à quelque chose. Pour ce qui est du jeûne, un seul mois est valable, viens manger. L'homme s'approcha et mangea.

 

8. Deux autres pièces

Win ye""allan ye„„eddiq
Ad yefk tamellalt i „„ezwiq
A „-in yaf di te‡ni„ n ddiq.

Celui qui prie, fait l'aumône
Et ajoute un œuf aux jours de fête
Trouvera son compte dans la difficulté.

 

Ur yenfi² win ye©©an,
Ur yenfi² wi d yeÞÞan,
Ig nef²en d win yefkan,
Ufan-t-in yezwer s amkan.

A quoi sert ce que l'on a mangé ?
A quoi bon ce que l'on a laissé ?
Seul est utile ce que l'on a donné:
On le retrouvera de l'autre côté.



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